Les marchés des produits de l’élevage de ruminants N° 367 Décembre 2024 Mise en ligne le 20/12/2024

Fortement impactée par les différentes mesures de lutte contre le Covid-19, la filière vitelline n’entre pas dans le dispositif d’aide au stockage privé de la Commission européenne. Le retard accumulé sur les abattages en mars et avril plonge la filière dans la crise, pour la deuxième année consécutive.

Des prix au plus bas et qui continuent de descendre au Nord du pays…

Les veaux les moins conformés sont les plus exposés à la paralysie du marché de la RHD dont le redémarrage reste timide du fait des mesures toujours strictes s’appliquant à la restauration. L’effondrement des cours semble avoir atteint son plancher depuis la semaine 20, il a tout de même perdu -1,23 €/kg éc depuis la semaine 10. La cotation du veau rosé clair O s’est établie à 4,56 €/ kg de carcasse en semaine 23, regagnant 1 centime par rapport à la semaine précédente en moyenne nationale. Elle reste cependant à des niveaux historiquement bas : 52 centimes sous son niveau déjà très bas de 2019 (-10%), et 1,03 € sous son niveau plutôt élevé de 2018 (-18%). Cette évolution cache une des dynamiques contrastées des cotations entre les bassins du Nord et du Sud. Si le deuxième a vu sa cotation rebondir de 5 centimes, à 4,68 €/kg, le premier a vu sa cotation céder 2 centimes pour passer sous la barre des 4,50 €/kg (4,49 €/kg).

Pour les animaux de conformations supérieures, mieux valorisés en GMS et boucherie, les cotations ont globalement mieux résisté, mais une certaine contagion à la baisse s’est opérée sur le veau rosé clair R élevé en atelier. Sa cotation a rebondi de 5 cts en semaine 23, à 5,34 €/kg, mais elle s’établie malgré tout en deçà de ses niveaux de 2019 (-19 cts, soit -3%) et surtout 2018 (-74 cts, soit -12%).

Le veau sous la mère a relativement bien traversé la crise

La production de veaux sous la mère a été relativement épargnée tout au long de la période de confinement avec des cotations proches des niveaux de l’an passé. La bonne fréquentation des boucheries traditionnelles a soutenu cette filière qui a finalement peu eu recours à la dérogation demandée à l’INAO qui visait à relever temporairement le poids et l’âge des veaux abattus pouvant répondre aux critères des veaux Label Rouge.

Matières premières : remontée des cours

Après une orientation des cours des produits laitiers à la baisse sur mars et avril, ceux-ci se sont rétablis tout au long du mois de mai. La cotation de la poudre de lactosérum pour alimentation animale a ainsi atteint 710 €/t sur mai (-4% /2019 et +6% /2018) contre 666 €/t sur avril (-12% /2019 et +6% /2018). Avec des cours des veaux gras déprimés, cette évolution se révèle préjudiciable pour les intégrateurs.

Abattages : en berne sur mars et avril, des animaux toujours plus lourds sur mai

Les abattages se sont établis en nette baisse sur les mois de mars (-9% /2019 et -11% /2018) et avril (-12% /2019 et -7,5% /2018). Fin avril, les abattages CVJA cumulés atteignaient ainsi à peine 405 000 têtes contre environ 430 000 en 2019 comme en 2018, soit -6%. Les évolutions en tonnage sont à peine moins marquées. En cumul fin avril, avec 58 945 téc, la production abattue accuse un retard de 6% par rapport à l’an passé, mais de seulement 4,5% par rapport à 2018.

Le mois de mai a montré des signes de rebond selon certains opérateurs, notamment à partir de la semaine 20, mais les abattages seraient restés quelque peu en deçà des attentes suscitées par la communication autour du « veau de Pentecôte ». Si les bouchers ont a priori répondu présents sur cette campagne, les GMS auraient été moins à même de mettre ce produit en avant.

Conséquence immédiate de ce ralentissement des abattages, les animaux sont restés en ferme quelques jours voire quelques semaines de plus. L’âge des veaux abattus en avril a ainsi dépassé les 189 jours, soit 2 jours de plus qu’en 2019 mais surtout 11 jours de plus qu’en 2018. Dans le même temps, les poids ont dépassé les 150 kg de carcasse à 150,2 kg soit +1,5 kg /2019, et +5 kg /2018. D’après les premières remontées, sur mai la tendance des poids et âge serait identique.

Des effectifs en ferme toujours élevés

L’attente en ferme semble bien confirmée par la hausse des effectifs de veaux mâles de mère laitière de plus de 6 mois. Le nombre de veaux de 6 mois a en particulier considérablement augmenté pendant la période de confinement, dépassant assez rapidement son niveau pourtant très élevé de l’an passé aux environs de 75 000 têtes contre à peine 60 000 en 2018. A l’inverse d’une année 2019 où un pic avait été atteint en semaine 14 avant de retomber assez rapidement dans les semaines suivantes, leur nombre semble cette année se maintenir à un niveau relativement élevé. En semaine 22, les effectifs sont ainsi supérieurs à 73 000 têtes (+12 000 /2019 et 21 000 /2018).

Le nombre de veaux de 7 mois semble quant à lui maitrisé. Il ne dépasse pas les effectifs de 2019, ni de 2018, ce qui témoigne d’une poursuite des abattages avant dépassement de la limite d’âge.

Les mises en place restent prudentes

Dans le contexte actuel d’un marché durablement encombré pour les mois à venir, les mises en place restent très prudentes, apparaissant comme l’outil principal de régulation de la production en l’absence de soutien de la part de la Commission européenne. Les mises en place nécessaires pour répondre présent sur l’hiver 2020-2021 devraient toutefois conduire à un rebond dans les semaines à venir.

Les marchés européens toujours dans le rouge

Principalement orienté vers l’export, le marché du veau néerlandais a été très négativement impacté dès la mise en place des premières mesures de lutte contre le Covid-19 sur le continent européen début mars, et notamment de la nette réduction du débouché RHD. La baisse des cours semble stoppée. A 3,45 €/kg en semaine 22, la cotation du veau pie-noir s’est maintenue à son niveau de la semaine précédente, soit 70 cts sous son niveau de l’an passé (-17%) et 1 € sous celui d’il y a deux ans (-22%).

Comme en France, il y a de l’attente en ferme et les veaux sont abattus plus âgés. Les mises en place sont ralenties, en partie via une prolongation des durées de vide sanitaire. Les experts s’inquiètent d’une hausse de l’offre qui pourrait intervenir en mai-juin alors qu’une partie de la viande produite est déjà stockée. Face aux incertitudes sur la réglementation environnementale et notamment sur les émissions d’azote et afin de se constituer des références historiques, les mises en place auraient été importantes en novembre et décembre 2019.

Les veaux rosés restent plus durement impactés que les veaux « blancs ». Une part importante de ces animaux est d’ores et déjà écoulée à bas prix sur le marché des bovins jeunes, du fait du dépassement de la limite d’âge pour être encore qualifiés de « veaux » (8 mois).

Côté italien, la cotation du veau de boucherie à la bourse de Modène s’est stabilisée à un niveau plancher depuis la semaine 20, à 3,75 € /kg de carcasse, soit 1,05 € sous son niveau de l’an passé (-22%).