Les marchés des produits de l’élevage de ruminants N° 363 Juillet/août 2024 Mise en ligne le 19/07/2024

La collecte se rétablit malgré un cheptel laitier très réduit. Les éleveurs disposent de fourrages peu étoffés mais de bonne qualité et bénéficient d’un prix du lait plus élevé qu’en 2019.

Croissance modérée et persistante de la collecte

Amorcé l’automne dernier, le redressement de la collecte française s’est poursuivi cet hiver. Après avoir regagné 1,4% /2018 au 4ème trimestre, elle a progressé au même rythme en janvier, de +1,5% /2020 d’après les sondages hebdomadaires FranceAgriMer. Rappelons qu’elle a été affectée comme en 2018 par une forte sècheresse estivale sur la plupart des bassins laitiers. Cependant l’automne 2019 a bénéficié de conditions météorologiques douces et humides propices à la production herbagère. Ainsi la collecte annuelle a presque égalé à -0,1% près le niveau 2018. Toutefois la production laitière française n’a pas retrouvé le niveau de l’hiver 2017/2018 et demeure éloignée du niveau record atteint en 2015 (-5% /2015).

Malgré un cheptel réduit

Cette forte reprise de la production s’est faite malgré un cheptel national très réduit, en recul de 59 000 vaches au 1er janvier 2020, soit -1,6% /2019. Au 2nd semestre 2019, la hausse saisonnière des effectifs de vaches laitières a été très réduite (+38 000 têtes entre le 1er aout 2019 et le 1er janvier 2020 contre +65 000 l’année en 2018/2019). D’un côté, les réformes ont été, au 2nd semestre 2019, moindres qu’en 2018. De l’autre, les entrées de génisses en lactation ont été exceptionnellement faibles. En 2017 la conjoncture morose avait incité les éleveurs à limiter les génisses d’élevage d’autant que leur troupeau avait été très rajeuni par des réformes abondantes dans un contexte de conjoncture laitière dégradée. Ensuite, la canicule de 2018 et la faible et médiocre qualité des fourrages ont dégradé la fertilité des génisses, si bien que les vêlages de primipares ont fortement chuté d’août à novembre 2019.

Malgré cet effectif réduit, les éleveurs ont pu mobiliser des réserves de productivité dans leur troupeau grâce à des fourrages de bonne qualité nutritionnelle. Les achats d’aliments concentrés complets sont restés modérés, inférieurs à ceux l’an dernier, d’après l’observatoire du SNIA et de la coopération agricole nutrition animale. Depuis la fin des quotas laitiers les rendements ont évolué de façon chaotique selon les années en fonction de la conjoncture, mais selon un rythme tendanciel modéré. D’après nos estimations, la croissance annuelle du rendement moyen apparent par vache serait passée de 60 kg en 2018 à près de 100 kg en 2019. Malgré ce sursaut, le rendement moyen du cheptel français demeure modéré dans l’UE (7 100 kg/vache en 2019).

Au 1er trimestre, la collecte française devrait continuer de progresser entre +1,0 et +1,5% d’une année sur l’autre. Ensuite, son rythme dépendra de la météo printanière qui déterminera la qualité et la quantité de la production herbagère.

Prix du lait ferme et stable

Le prix du lait standard (SIQO compris) payé aux éleveurs français est stationnaire depuis novembre, malgré la nette progression du lait valorisé en beurre/poudre maigre sur le marché européen. A 352 €/1 000 l en décembre, il égale à 1 € près la moyenne annuelle en 2019 (351 €/1 000 l). Il a légèrement marqué le pas entre septembre et novembre sous l’effet d’indice de saisonnalité moins favorable. Au 1er trimestre 2020, le prix moyen du lait pourrait se maintenir au-dessus de 350 €/1 000 l, soit 2% au-dessus du niveau de l’hiver 2019.

Ensuite, il pourrait s’apprécier de nouveau si la valeur du lait transformé en ingrédients laitiers (beurre et poudre maigre) progresse et si les négociations commerciales entre les distributeurs et les transformateurs prennent davantage en compte le prix de revient du lait à la production. Selon l’observatoire du CNIEL,  il est estimé à 380 €/1 000 l en plaine pour rémunérer le travail non salarié à hauteur de 2 SMIC ; soit 20 € de plus que le prix moyen du lait conventionnel (hors SIQO) payé aux éleveurs en 2019 d’après l’enquête mensuelle laitières de FranceAgriMer.

Le prix moyen cache des écarts croissants entre les laiteries. Selon l’observatoire de L’Éleveur laitier, le prix du lait (composition 42/33, qualité super A, primes et ristournes comprises) payé aux livreurs en 2019 se situe entre 353 € et 407 €/1 000 l en moyenne annuelle.