En France, la collecte laitière se rétablit malgré un cheptel réduit. Elle perd de la vigueur en Allemagne. Désormais la croissance est modérée dans la plupart des pays membres de l’UE. Elle reste négative dans un quart des pays, si que la collecte européenne progresse modérément depuis juillet.
Nette reprise de la collecte en France
Après avoir été affectée durant l’été par la sécheresse qui a sévi sur une bonne partie de l’Hexagone, la production laitière progresse de nouveau : la croissance est passée de +1,0% en septembre à +1,4% en octobre, puis +1,7% en novembre d’après les sondages hebdomadaires FranceAgriMer. Soit un rythme de +1,6% /2018 au 4ème trimestre. L’automne, doux et très humide, a été plus propice qu’en 2018 à la repousse de l’herbe en arrière saison. La production laitière a notamment retrouvé de la vigueur en Pays de la Loire et dans les Hauts de France où l’été avait été particulièrement chaud et sec. Cumulée sur 10 mois, elle est demeurée croissante dans le Grand Ouest, en Normandie et dans les Hauts de France. En revanche, elle a fortement baissé dans les bassins Auvergne-Limousin (-3%), Centre et Charente-Poitou (-4% /2018), et surtout Sud-Ouest (-6%).
En somme, la collecte annuelle de la France devrait à peine égaler le bas niveau de l’an dernier (-0,1% /2018) selon nos estimations.
La production laitière a repris malgré un cheptel laitier réduit. D’un côté, les entrées de génisses en 1ère lactation sont exceptionnellement faibles depuis juillet, inférieures de 8 à 10% /2018 selon les mois, à l’effectif déjà réduit de l’an dernier. De l’autre, les réformes laitières sont presque normales (-1 à -2% /2018 en septembre et octobre). En somme, le cheptel national connait une hausse saisonnière limitée (+35 000 têtes en 3 mois, contre +60 000 têtes en 2018 et +73 000 têtes en 2017). Soit une chute de 57 000 têtes en un an, à 3,66 millions de vaches laitières au 1er novembre 2019 (-1,5% /2018).
La baisse des effectifs est faible dans le Grand Est (-0,6%) grâce à la hausse des effectifs en Franche-Comté, en Nord-Picardie (-0,8%), dans le Grand Ouest (-0,9%) et en Normandie (-1,2%). En revanche, la chute des effectifs s’est encore accru en Charentes-Poitou et dans le Sud-est (-2,4%), en Auvergne-Limousin (-4.3%), et surtout dans le Sud-Ouest (-5%).
Bien qu’en forte baisse, le cheptel laitier national est nettement plus productif en raison de la moindre part de primipares et de conditions climatiques plus favorables cet automne à la repousse de l’herbe qu’en 2018. De plus, la bonne conjoncture laitière a pu inciter de nombreux éleveurs à distribuer davantage de concentrés. La marge laitière, d’après notre indicateur Milc, s’améliore depuis quelques mois sous l’effet de l’appréciation régulière du prix du lait et de la stabilité du prix des charges d’après l’IPAMPA lait de vache.
Sur les neuf premiers mois de 2019, le prix du lait de vache standard toutes qualités (SIQO compris) s’est apprécié de 15 €/1 000 l d’une année sur l’autre à 350 €/1 000 l. Cette hausse est imputable pour un tiers au redressement des cours des protéines laitières, malgré le tassement de celui du beurre, et pour les 2/3 à celle des prix des produits finis vendus aux ménages. Le prix de vente payé aux éleveurs a progressé davantage (+18 €/1 000 l /2018) sur la même période grâce l’amélioration des taux. La composition du lait s’est sensiblement enrichie de 0,57 g à 41,51 g/l pour la matière grasse et de 0,42 g à 33,44 g/l pour la matière protéique sur dix mois de 2019.
Le prix du lait s’est en revanche infléchi en octobre, d’un mois sur l’autre, à 356 €/1 000 l. Il devrait cependant s’apprécier de nouveau dans les prochains mois, grâce la franche remontée des cours de la protéine laitière (+50% en un an).
Croissance ralentie en Allemagne
En Allemagne, après avoir cédé -0,5% au 1ersemestre, la collecte nationale, qui avait rebondi en août (+1,1% /2018), progresse faiblement. Sa croissance est passée de +0,8% en septembre, à +0,4% en octobre et +0,2% en novembre d’après le sondage hebdomadaire de ZMB.
Cumulée sur 11 mois, la collecte allemande égale à peine le niveau de l’an dernier (-0,1%), avec des évolutions contrastées selon les régions : croissante au Nord, surtout en Rhénanie Westphalie, en légère baisse dans le Sud et à l’Est (-2%). Le prix du lait, qui plafonne depuis début 2019 autour de 310 €/1 000 l (lait conventionnel standard ramené 32 g de MP et 38 g de MG) est peu incitatif. Au Nord, la région la plus dynamique, les investissements pour agrandissement sont désormais entravés par des contraintes environnementales plus contraignantes (voir Zoom).
De même en Pologne, la croissance de la collecte est ralentie depuis septembre (+1% /2018), après avoir été dynamique au 1er semestre (+2,5% /2018).
Croissance stoppée Outre-Manche
En Irlande, la croissance laitière, ininterrompue pendant plus de 2 ans, est devenue légèrement négative cet automne. Ainsi, la collecte annuelle pourrait se situer entre +6 et +7% /2018. Certes moins élevé qu’en 2018 à 300 €/1 000 l cet automne, le prix du lait demeure toujours incitatif et devrait relancer la production laitière en mars lors de la reprise des vêlages.
Au Royaume-Uni, la production ne croît plus depuis cet automne. Très dynamique au sortir l’hiver (+5% /2018), la croissance a progressivement décru pour cesser à l’entrée de l’automne. Sur 10 mois, la collecte cumulée a progressé de +2% /2018.
En Espagne, la collecte a repris de la vigueur depuis juillet (+3,5% /2018 sur 4 mois) avec un prix du lait standard, à 331 €/1 000 l en octobre, bien orienté et légèrement supérieur à l’an dernier (+2% /2018) . En Italie, elle a retrouvé son niveau de l’an dernier depuis juillet, après un 1er semestre ralenti (-1% /2018).
Seul un quart des pays membres enregistre une évolution négative cet automne : les trois pays scandinaves, dont le Danemark depuis mai, et quelques pays de l’Est.
En revanche, la collecte des Pays-Bas, qui est repassée dans le vert cet été, a progressé en octobre de +2% par rapport au niveau exceptionnellement bas en 2018.
En somme, la collecte européenne, qui a retrouvé de la vigueur depuis août (+0,8% /2018 au 3ème trimestre), croît plus modérément cet automne : estimée à +0,7% /2018 en octobre, elle pourrait être moins forte en novembre et décembre, auquel cas la collecte automnale retrouvera tout au plus le bon niveau de 2017 et la collecte annuelle progressera de +500 000 t (+0,3% /2018).