La production contenue dans les principaux bassins exportateurs limite les disponibilités laitières et soutiennent les cours. Tandis que le prix du beurre se stabilise à des niveaux supérieurs à ceux précédents l’envolée de 2017, le cours de la poudre maigre s’envole et celui du lactosérum rebondit.
Envolée des cours de la poudre maigre
Le cours de la poudre de lait écrémé s’est envolé entre octobre et novembre, la cotation ATLA atteignant les 2 600 €/t début décembre, soit une progression de 13% en 9 semaines. Il s’agit du niveau le plus élevé depuis août 2014. Cette hausse récente est de même ampleur aux États-Unis (+14% entre septembre et novembre à 2 400 €/t) et en Nouvelle-Zélande (+13% à 2 700 €/t).
Plusieurs facteurs se cumulent pour expliquer cette évolution. D’une part, la demande internationale est dynamique, avec des importations en hausse en Chine (+27% /2018 sur les 10 premiers mois), mais également aux Philippines (+15% /2018 sur les 9 premiers mois) et en Indonésie (+26%). Les exportations de l’Union européenne sont en forte hausse (+26% /2018 sur les 10 premiers mois), tirées par la bonne compétitivité des produits européens, et pourraient approcher le million de tonnes d’ici la fin de l’année.
D’autre part, l’offre est relativement limitée depuis quelques semaines. La production laitière néozélandaise a accusé un recul en septembre et octobre, période de son pic annuel, tandis que les fabrications européennes ont fléchi en septembre. Les bonnes ventes à terme au cours des mois précédents participeraient également à la réduction des disponibilités ces dernières semaines. Enfin, il faut ajouter que les stocks européens comme étatsuniens (-13% /2018) sont bas et devraient poursuivre leur recul entamé au cours de l’été.
S’il ne semble pas s’être formée de bulle spéculative, certains acheteurs ont pu constituer des stocks qui pourraient peser sur la demande dans les mois à venir, lors de la hausse saisonnière de production laitière dans l’Hémisphère Nord.
Les cours de la poudre grasse sont également en progression mais de manière plus limitée. Entre août et novembre, ils progressent de 4% en Nouvelle-Zélande et de 6% en Europe et retrouvent leur niveau du 1er semestre. Le repli de la production laitière néozélandaise, 1er exportateur mondial, et la hausse des exportations européennes expliquent en partie cette hausse.
Rebond du cours du lactosérum en Europe
Après avoir atteint un point bas en septembre, la cotation ATLA de la poudre de lactosérum a progressé de 10% en deux mois pour afficher 674 €/t en novembre. Ce niveau reste cependant inférieur de 11% à celui de 2018. A l’inverse, après avoir rebondi au cours de l’été, le cours aux États-Unis a repris son évolution baissière entamée en début d’année. A 613 €/t, il s’agit du plus bas niveau depuis juin 2018.
La demande internationale demeure toujours faible, les besoins chinois étant encore limités par les conséquences de la Fièvre porcine africaine (FPA), même si les annonces officielles font état d’une stabilisation du cheptel porcin et d’une politique volontariste de repeuplement des exploitations. Bien que toujours en recul, les importations chinoises d’octobre se sont rapprochées des niveaux des années précédentes. Les États-Unis demeurent les plus touchés par cette situation, avec des exportations réduites de 22% /2018 sur les 10 premiers mois, dont – 50% vers la Chine. Il faut ajouter que la demande pour le lactosérum destiné à l’alimentation humaine (poudre de lait infantile notamment) reste, elle, dynamique.
Stabilité des cours du beurre
Après une baisse entamée au cours de l’été, les cours du beurre se sont quasi-stabilisés depuis septembre. A 3 575/t en moyenne, la cotation ATLA se situe 18% sous son cours de 2018 et rejoint son niveau de l’été 2016. Cette tendance est partagée par les autres pays européens et par la Nouvelle-Zélande, les cours moyen européen et néozélandais gravitant autour des 3 700 €/t. Profitant de sa bonne compétitivité sur le marché international, le beurre européen réalise sur les 10 premiers mois les meilleures exportations depuis 2016, abondées par des fabrications en progression de 4% sur les 3 premiers trimestres. Ces volumes compensent les moindres exportations étatsuniennes (-37% /2018 sur les 10 premiers mois) et néozélandaises.
Si les stocks élevés de beurre en Union européenne pèsent toujours sur les cours, les moindres fabrications saisonnières au profit de la crème, très demandée en prévision des fêtes de fin d’année, devraient permettre de maintenir une relative stabilité des prix.
Fromages: des évolutions divergentes entre les grands bassins
En Europe, les cours des fromages sont restés très stables ces derniers mois. A 4 600 €/t depuis septembre, l’emmental (peu échangé sur les marchés internationaux) affiche un niveau relativement élevé (+7% /2018 et +2% /2017).
A 3 130 €/t en novembre, le cours du gouda (fromage commodité) n’a guère évolué depuis le début de l’année (+4% /janvier 2019) Ce niveau lui permet de rester très compétitif face au cheddar étasunien et océanien. Le cours du cheddar océanien poursuit son recul, entamé en mai 2019, à 3 320 €/t en novembre (-22% /mai 2019, mais +12% /2018).
Le cours du cheddar étatsunien s’est quant à lui stabilisé depuis septembre après une envolée débutée en janvier. Aux alentours de 4 600 €/t (+42% /janvier 2019), il signe un record historique qui s’explique par le recul des fabrications nationales (sur les 10 premiers mois -3% /2018 et -1% /2017) alors que la demande intérieure reste dynamique (notamment grâce à l’aide alimentaire) et que la demande internationale n’a faibli qu’au début du 2nd semestre. En novembre, les stocks étatsuniens de fromages « type américain », majoritairement du cheddar, ont reflué de 8% /2018, pour retrouver leur niveau de 2017.
Ainsi, les exportations européennes de fromages ont battu un nouveau record, à plus de 730 000 t sur les 10 premiers mois (+5% /2018), tandis que les envois étatsuniens affichaient leur plus haut niveau depuis 2014.