Les marchés des produits de l’élevage de ruminants N° 363 Juillet/août 2024 Mise en ligne le 19/07/2024

Les cours des broutards se sont repliés précocement en raison de la sécheresse et d’un marché trop dépendant de l’Italie au cœur de l’été. Les volumes exportés progressent grâce aux femelles alors que les mâles sont en léger repli. Le marché devrait s’alléger en fin d’automne du fait d’une offre en baisse.

Repli précoce des cotations

Relativement élevés depuis le début de l’année, les cours des broutards se sont nettement repliés dès juillet. La chute a été particulièrement nette pour les mâles charolais : à 2,53 €/kg vif en semaine 36 (-5% /2018), la cotation du Charolais U de 450 kg a reculé de 13 centimes soit -5% par rapport à début juillet (semaine 27). En semaine 36, le Charolais U de 350 kg atteignait 2,67 €/kg (-4% /2018) en repli de 16 centimes soit -6% par rapport à début juillet. L’érosion des cours demeure moins marquée dans les autres races : le Limousin E de 300 kg n’a cédé que 3 centimes en deux mois, à 3,12 €/kg (+2 %/2018), tout comme le Croisé U de 300 kg (2,81 €/kg, -3% /2018). Les cours des femelles sont pratiquement inchangés, en léger repli toutefois par rapport à 2018. En semaine 36, la Charolaise U de 270 kg cotait 2,66 €/kg (-2 centimes /2018) et la Limousine E de 270 kg 2,77 €/kg (-6 centimes /2018).

Ce repli précoce des cours, qui s’observe habituellement à la rentrée avec le pic des sorties, a plusieurs explications. En premier lieu, une offre étoffée pour l’export en lien avec la sécheresse qui a avancé les sorties dans les zones de naissances et qui décourage l’engraissement en particulier chez les naisseurs-engraisseurs en France. En second lieu, une demande à l’export totalement dépendante de l’Italie en raison de la conjoncture en Espagne (Voir article JB en Europe) et de la gestion prudente des opérateurs sur l’export pays-tiers. En effet, craignant les restrictions de transport liées aux températures élevées, les opérateurs ont cessé les mises en quarantaines en mai-juin pour éviter les exportations en juillet-août. Enfin, ce repli des cotations s’observe par rapport aux cours de 2017 et 2018, relativement élevés.

Les femelles tirent l’export à la hausse

Sur les 7 premiers mois de 2019, les exportations de bovins français de 4 à 16 mois de races allaitantes ont augmenté de +2,5% /2018, à 575 000 têtes. Cette progression est entièrement due aux envois dynamiques de femelles qui ont totalisé 238 000 têtes, soit +8,5% /2018, et +20% /2015 ! Cette évolution est un des signes de la persistance du mouvement de décapitalisation du cheptel allaitant qui limite les besoins de renouvellement.

Avec  363 500 têtes, les exportations de mâles se maintiennent à peine à leur niveau de 2018 ( -0,5% /2018, -4,5% /2017 et -7% /2016). Les envois de mâles devraient toutefois progresser dans les prochaines semaines du fait d’une conjoncture favorable en Italie (Voir article JB en Europe) et de la reprise des envois vers l’Algérie. De plus, les effectifs de mâles allaitants de 6-12 mois sont en nette hausse dans la BDNI, à 525 000 têtes soit +5,5% par rapport au niveau très dégradé de 2018 (-5,5% /2017).

Demande dynamique en Algérie

Sur les 7 premiers mois de 2019, l’Algérie a reçu 34 000 bovins français, soit autant que sur toute l’année 2018 et déjà 2 fois plus que sur l’année 2017. Après une pause estivale due aux fortes températures, les envois sur les pays tiers reprennent vers l’Algérie, mais aussi le Maroc (2 200 têtes en 2019) et la Tunisie (3 500 têtes en 2019). Ces marchés offrent une valorisation supérieure aux marchés italiens et français, notamment pour la race Aubrac. Ils exigent en revanche de coûteuses mises en quarantaine et des animaux vaccinés contre les sérotypes 4 et 8 de la FCO, parfois difficiles à trouver.

Les importations turques de broutards ont diminué de moitié par rapport à 2018 dans le sillage d’une situation économique difficile. Les volumes sont néanmoins toujours importants : sur les 7 premiers mois de l’année, la Turquie a importé 351 000 broutards contre 683 000 en 2018. Les animaux sud-américains restent très majoritaires, mais leur nombre est en net repli par rapport à 2018. L’Uruguay a envoyé 150 000 têtes sur 7 mois (-39% /2018) et le Brésil 87 000 têtes (-71%). Dans le même temps, les flux en provenance d’UE-28 ont moins baissé. Selon Turkstats, la République tchèque a envoyé 30 500 broutards (-8%) et la Hongrie 26 500 (-9%). Le marché turc reste toutefois durablement dégradé, et les envois massifs d’Amérique du Sud se font à des prix très faibles permis notamment par l’affaiblissement concomitant du réal brésilien, du peso uruguayen et de la livre turque.

Vers un allègement du marché en fin d’automne

Le marché des broutards français restera encombré dans les semaines à venir en raison du pic des sorties. Le marché italien devrait rester bien orienté, mais la demande des engraisseurs français pourrait pâtir d’une récolte de maïs très hétérogène et d’un marché du JB peu motivant. Les prix devraient encore modérément reculer, en particulier pour les animaux non vaccinés et/ou de 2nd choix. Les cours devraient néanmoins se stabiliser en fin d’automne, à mesure que l’offre se réduira. Dans la droite ligne de la décapitalisation du cheptel allaitant, les effectifs de mâles allaitants de 0-6 mois sont en net repli dans les exploitations, à 916 000 têtes au 1er juillet, soit -5,5% /2018.