Les marchés des produits de l’élevage de ruminants N° 366 Novembre 2024 Mise en ligne le 23/11/2024

Les broutards français sont très demandés à l’échelle européenne, tirés par un marché de la viande dynamique en Europe et au Sud de la Méditerranée.

Hausse des cours des broutards

Les cours des broutards restaient en hausse du fait d’une offre en recul et d’une demande dynamique en France et en Europe. Ainsi, en semaine 46 :

  • le Charolais U de 350 kg cotait 4,00 €/kg (+ 65 cts /2023), en hausse de 3 cts sur quatre semaines,
  • le Charolais U de 450 kg cotait 3,97 €/kg (+ 60 cts /2023),
  • le Limousin E de 350 kg cotait 4,20 €/kg (+ 40 cts /2023),
  • le mâle croisé R de 300 kg cotait 3,83 €/kg (+ 70 cts /2023).

D’après les marchés, l’offre en femelles maigres est très réduite. Ainsi, en semaine 46, les cotations des femelles, habituellement plutôt stables, étaient en hausse de 15 cts sur quatre semaines et s’établissaient à :

  • 3,90 €/kg pour la Limousine E de 270 kg (+60 cts /2023),
  • 3,95 €/kg pour la Charolais U de 270 kg (+58 cts /2023).

La décapitalisation allaitante se poursuit

Au 1er octobre, la décapitalisation allaitante se maintenait au même rythme qu’au 1er septembre (-1,7% /2023), avec 3,393 millions de vaches allaitantes présentes dans les élevages . Les effectifs de génisses allaitantes restaient en hausse sur un an, avec 1,833 millions de têtes (+1,2% /2023).

Forte baisse des naissances allaitantes en septembre

La tendance depuis quelques années était à un changement de saisonnalité des vêlages allaitants, avec des naissances dynamiques à l’automne.

Cette tendance ne s’est pas poursuivie en septembre 2024. Avec seulement 291 000 veaux, les naissances reculaient fortement (-9% /septembre 2023). Les raisons de cette baisse restent à investiguer, mais la multiplication des maladies vectorielles à l’été-automne 2024 (FCO-3, FCO-8 et MHE) fait partie des hypothèses envisagées.

Conséquence de ce recul automnal, le cumul de naissances sur le début de campagne (juillet–septembre) n’atteignait que 578 000 veaux (-42 000 /2023). Le cumul sur l’année (janvier–septembre) pâtit à la fois du faible niveau de mises bas au printemps et du mauvais mois de septembre, et recule de 121 000 têtes (-5,1% /2023) par rapport à l’année dernière pour s’établir à 2 279 000 veaux.

Stabilité des effectifs de mâles allaitants de plus de six mois

Le recul des naissances durant le printemps et l’été conduit à une forte baisse des effectifs de broutards de moins de six mois. Ainsi, au 1er octobre, 581 000 mâles allaitants de moins de six mois étaient présents dans les élevages français (-8% /2023). Cette situation devrait peser sur les effectifs de broutards disponibles pour les mises en place ou l’export en début d’année 2025.

La baisse des effectifs de broutards âgés de six à douze mois était plus faible, avec 740 000 animaux au 1er octobre (-1% /2023), du fait des naissances dynamiques à l’automne 2023 et de la réorientation d’une partie des broutards vers l’engraissement en France.

Au 1er octobre, les effectifs de mâles charolais de 6-12 mois étaient stables sur un an du fait de mises en place dynamiques en France. Ceux de Limousins étaient en baisse modérée (-2%) et ceux de Blonds en recul significatif (-8%). Les autres races, parmi lesquelles les Aubrac et Salers, restaient en croissance (+3%), marqueur de la croissance de leurs effectifs.

Mises en place toujours dynamiques en France

Dans un contexte de marché du jeune bovin porteur, les mises en place de broutards pour la production de JB en France sont dynamiques depuis plus d’un an. En cumul entre janvier et septembre, 273 000 broutards ont été achetés par des élevages français ayant un atelier d’engraissement (+13 000 têtes).

Nette baisse des exportations en septembre

L’offre en broutards étant limitée, l’augmentation des mises en place pour l’engraissement en France se fait aux dépens de l’export. Par ailleurs, l’extension progressive de la zone régulée pour la FCO-3 a également pesé sur les expéditions de bovins maigres.

Ainsi, d’après SPIE-BDNI, sur les semaines 36 à 39 (du 2 au 29 septembre), 74 000 broutards ont été exportés, en recul de 14% sur un an soit -12 000 têtes.

En cumul sur 42 semaines (jusqu’au 20 octobre) d’après SPIE-BDNI, les exportations ont atteint 749 000 têtes (-7% /2023). Plus touchés par la décapitalisation et appréciés des engraisseurs français, la race charolaise voit ses exportations reculer de 12% sur un an, à 210 000 têtes. Les Limousins confirment leur place de première race exportée, avec 238 000 têtes (-5% /2023).

Hausse des envois de broutards lourds vers l’Espagne

La progression rapide de la FCO-3 en France a fortement réduit le nombre de bovins maigres admissibles à l’export vers l’Espagne. Comme pour les autres sérotypes de la FCO, les veaux laitiers issus de zone régulée pour la FCO-3 doivent être désinsectisés et testés négatifs. Les broutards doivent être vaccinés avec le vaccin Bultavo 3 (certifiant pour l’export depuis le 23 septembre). En parallèle, les engraisseurs espagnols sont toujours à la recherche d’animaux du fait d’un marché méditerranéen dynamique (lire notre article sur les jeunes bovins en Europe).

Conséquence à la fois de ce manque d’offre et de cette demande élevée, les engraisseurs espagnols se sont tournés plus que d’ordinaire vers des broutards lourds, également moins longs à engraisser.

 Ainsi, sur neuf mois d’après les Douanes, 36 000 broutards mâles de plus de 300 kg vifs ont été exportés vers l’Espagne, en hausse de 12% sur un an. À l’inverse, les envois de broutards légers, historiquement plébiscités par la filière espagnole, sont restés stables à 41 000 têtes.

Baisse des exportations sur les dernières semaines

La base de données TRACES enregistre les mouvements de bovins entre États membres à la semaine. Sur les sept dernières semaines connues (40 à 46, soit du 30 septembre au 17 novembre), les exports de bovins vivants toutes races et sexes confondus étaient en baisse vers l’Italie et l’Espagne.

Vers l’Italie, 131 000 bovins ont été expédiés, soit une baisse de 7% par rapport à 2023, mais un niveau proche de 2022 (-1%). À l’automne 2023, les animaux préparés pour l’Algérie avaient été réorientés vers l’Italie en raison de la fermeture du marché algérien après l’apparition de la MHE en France.

Vers l’Espagne, la France a exporté 73 000 bovins, soit 15% de moins qu’en 2023. Les difficultés liées à la FCO3 réduisent le nombre de veaux disponibles pour l’exportation.