Les marchés des produits de l’élevage de ruminants N° 367 Décembre 2024 Mise en ligne le 20/12/2024

Les évolutions des marchés des vaches en Europe sont contrastées alors que les abattages demeurent globalement modestes. L’Irlande voit ses cours continuer de progresser quand ils flanchent en Allemagne et au Royaume-Uni face à une plus faible demande de la transformation. Le marché polonais reste toujours à part : il peine à se relever des effets des divers scandales sanitaires.

 

POLOGNE : le marché continue de souffrir des effets du scandale de fraude

En Pologne, le marché des réformes est toujours très perturbé par le scandale de fraude à la vache malade dévoilé en janvier dernier. D’après les données du Ministère de l’agriculture polonais, les abattages de vaches ont continué de refluer en avril (-7% /2018), pour le troisième mois consécutif. En cumul depuis le début de l’année, ce sont près de 25 000 vaches en moins qui ont été abattues (-11% /2018).

La fraude de janvier dernier s’est traduite par une demande européenne plus faible en viande polonaise : les abattoirs ont notamment limité les tueries face au repli de la demande de la transformation. Sur les deux premiers mois de 2019, les exportations polonaises ont chuté à 67 000 téc (-7% /2018 et -2% /2017), avec un mois de février en berne (-14% /2018). La baisse concerne la quasi-totalité des destinations.

Les prix peinent donc à progresser. En mai, la cotation de la vache O est restée stable à 2,63 €/kg de carcasse. Soit un niveau nettement inférieur aux cotations des deux années précédentes (-11% /2018 ; -5% /2017). Les prix pratiqués en Pologne sont désormais inférieurs à ceux pratiqués chez ses principaux concurrents. Le récent scandale de faux steaks hachés distribués à des associations humanitaires n’aidera pas les prix polonais à se relever.

IRLANDE : progression des prix et hausse mesurée des abattages

En Irlande, les abattages de vaches avaient atteint un niveau record sur l’année 2018 et au début de 2019. Alors que la situation semblait redevenue normale courant mars-avril, les tueries sont reparties à la hausse. D’après l’indicateur hebdomadaire publié par Bord Bia, le nombre de vaches envoyées à l’abattoir sur les quatre dernières semaines s’établit à un niveau intermédiaire entre les effectifs deux dernières années (+13% /2018 et -9% /2017).

L’afflux de réformes dans les abattoirs irlandais à partir du second semestre 2018 avait plombé les cours. Le renversement de tendance de mars-avril a eu l’effet inverse. Ainsi, la cotation de la vache O atteignait 3,07 €/kg éc en semaine 22, soit 20 centimes de plus en quatre semaines (+7%) et 37 centimes de plus qu’en début d’année (+14%). Ce niveau reste néanmoins nettement inférieur à celui des deux années précédentes (-12% /2018 et -9% /2017). La hausse est moins marquée pour le cours de la vache R qui atteint 3,24 €/kg fin mai (-18% /2018 ; -22% /2017).

Dans les prochains mois, le marché de la femelle en Irlande pourrait être perturbé par la mise en œuvre d’une aide cofinancée visant à compenser les effets du Brexit sur l’élevage allaitant, jugé particulièrement sensible par le gouvernement irlandais. Bruxelles souhaite conditionner sa participation à l’enveloppe de 100 millions d’euros (50% fonds irlandais, 50% fonds européen) à la réduction du cheptel allaitant. Déjà impactée par les conversions de la viande vers le lait, une telle mesure pourrait entraîner un afflux de réformes allaitantes dans les abattoirs au second semestre 2019. L’Irlande a désormais jusqu’au 31 juillet 2019 pour notifier la proposition de mesure qu’elle compte prendre ainsi que ses modalités.

ALLEMAGNE : baisse des prix passagère ?

En Allemagne, d’après les données hebdomadaires d’AMI, un peu plus de 83 000 vaches ont été abattues sur les 5 semaines de mai (18 à 22), soit un niveau désormais intermédiaire entre les deux années précédentes (+5% /2018 ; -2% /2017). Les abattages de génisses demeurent plutôt élevés (+10% /2018 ; +7% /2017). Néanmoins, les effectifs de femelles abattues demeurent globalement faibles et le marché semble désormais plus équilibré.

Après une hausse quasi-continue depuis le début de l’année soutenue par la demande du secteur de la transformation, les prix sont à la baisse début juin face à la faible demande. D’après l’agence AMI, le cours de la vache O est repassé sous la barre symbolique des 3 €. A 2,99 €/kg en semaine 22, il s’est déprécié de 5 centimes en un mois (soit -7% /2018 et -2% /2017), passant ainsi sous le cours irlandais. A l’arrivée des beaux jours, l’offre peu abondante devrait rencontrer une demande moins ferme.

ROYAUME-UNI : marché atone face à une faible demande

Au Royaume-Uni, les abattages de vaches sont globalement en retrait depuis le début de l’année. Sur les quatre premiers mois, moins de 212 000 vaches ont été abattues (-4% /2018).

De la fin 2018 à la mi-mai 2019, les cotations avaient logiquement augmenté face aux plus faibles disponibilités et une demande plutôt ferme. Depuis, les cours de vaches sont en repli. En semaine 22, la cotation de la vache O britannique s’établissait à 2,98 €/kg de carcasse, soit 9 centimes de moins en quatre semaine (-11% /2018 et -6% /2017). Le marché semble désormais atone : il est actuellement pénalisé par une faible demande des transformateurs qui privilégient l’utilisation de stocks existants en abattoirs pour leurs productions industrielles.