Les marchés des produits de l’élevage de ruminants N° 364 Septembre 2024 Mise en ligne le 16/09/2024

Après un pic en juin, les cours des broutards sont restés stables à un haut niveau pendant l’été 2024 du fait de la baisse des disponibilités et de la demande dynamique pour l’engraissement en France et en Italie.

Prix stables à un niveau élevé

Après un pic en début d’été dû à des sorties retardées, les cours des broutards se sont légèrement repliés et se sont stabilisés à un niveau élevé, traduisant l’offre toujours limitée. Le contexte sanitaire, qui rend les exports plus compliqués, ne pèse pas sur les cours, même si la situation clinique peut être différente sur les exploitations touchées.

Ainsi, en semaine 36, le Charolais U de 350 kg cotait 3,83 €/kg vif, en léger repli (-9 cts) depuis son pic de fin juin, mais toujours nettement supérieur (+33 cts ou +9%) à sa cotation de 2023. Le Charolais U de 450 kg suivait la même dynamique, à 3,77 €/kg vif (+36 cts ou +11% /2023, et -13 cts /début juin).

La cotation du Limousin E de 350 kg restait étale en semaine 36, à 3,95 €/kg vif (+10 cts ou +3% /2023), un niveau inchangé depuis avril. De la même manière, le mâle croisé R de 300 kg cotait 3,50 €/kg vif (+35 cts ou +11% /2023), stable depuis début juin.

Les cours des Limousines E de 270 kg étaient également stables à 3,60 €/kg vif en semaine 36 (+30 cts ou +9% /2023). À l’inverse, les Charolaises U de 400 kg poursuivaient leur hausse tirée par la demande italienne et atteignaient 3,53 €/kg vif en semaine 36 (+23 cts ou +7% /2023), en hausse de 4 cts sur un mois.

Naissances en baisse de 2,4% sur la campagne 2022-23

Au premier août, 3,394 millions de vaches allaitantes étaient présentes dans les élevages français, en recul de 1,7% /2023, soit -60 000 têtes. Le rythme de la décapitalisation a ralenti comparé à 2023. Par ailleurs, les effectifs de génisses allaitantes de plus de 18 mois étaient en hausse de 2,1% /2023, soit +37 000 têtes, à 1,770 million de têtes. L’orientation de ces femelles vers la reproduction ou vers la boucherie sera déterminante pour la production de broutards dans les mois et années à venir.

Conséquence de la décapitalisation, les naissances de veaux de mère allaitante étaient en recul. Ainsi, sur la campagne juillet 2023 – juin 2024, 3,239 millions de veaux allaitants sont nés, en baisse de 2,4% /2022-23, soit -137 000 têtes, et de 6,3% /2021-22. Comme les années précédentes, les naissances ont été dynamiques entre septembre et novembre et en nette baisse au printemps, conséquence de l’attrait des vêlages d’automne dans un contexte de climat changeant

Cette baisse des naissances touche inégalement les races. Ainsi, en cumul sur la campagne 2023-24, 1,125 millions de veaux charolais sont nés, soit -2,5% /2022-23, contre 947 000 Limousins (-2,1% /2022-23) et 336 000 Blonds d’Aquitaine (-6,7% /2022-23).

En juillet 2024, les naissances étaient en très forte de baisse de -12,5% /2023, soit -15 000 veaux sur un total de 104 000. Les raisons de cette baisse forte restent à investiguer mais pourraient être liées à plusieurs facteurs dont le report des vêlages vers l’automne constaté depuis plusieurs années et des problèmes de fertilité lors des chaleurs de l’automne 2023.

Disponibilités renforcées en broutards âgés

Conséquence de la forte baisse des naissances depuis mars et du creux de vêlages en juillet, les effectifs de mâles allaitants âgés de moins de six mois étaient en net recul, à 691 000 têtes (-7% /2023), réduisant d’autant les disponibilités à venir pour les mises en place en France et pour l’export. À l’inverse, les effectifs de mâles allaitants âgés de six à douze mois étaient en hausse de 1%, à 647 000 têtes. Le dynamisme des naissances d’automne et les bonnes conditions de pâturage qui ont permis de maintenir ces animaux chez les naisseurs expliquent ce surstock de broutards. D’après les tendances historiques des élevages dans lesquels ils sont présents, la majorité de ces animaux supplémentaires devrait être exportée mais la part d’entre eux qui restera en France pourrait être un peu plus importante que les années précédentes.

Mises en place en France dynamiques

Malgré le recul des naissances, les mises en place de broutards pour la production de jeunes bovins en France étaient dynamiques, stimulées par la demande de l’aval. Ainsi, en cumul sur sept mois, 203 000 broutards ont été achetés par les cheptels engraisseurs français, soit une hausse de +5,2% /2023 ou +10 000 têtes.

Recul des envois sur la campagne 2022-23

Conséquence à la fois de la baisse des naissances et du dynamisme des mises en place en France, les exports de broutards étaient en nette baisse ces derniers mois. Ainsi, en cumul jusqu’à la semaine 33 (jusqu’au 18 août), 573 000 broutards ont été expédiés d’après SPIE-BDNI, soit 40 000 de moins qu’en 2023 (ou -6%). Les Charolais, à la fois plus touchés par la décapitalisation que les Limousins et préférés par les engraisseurs français, voient leurs exports reculer plus fortement, de -11%, contre -5% pour les Limousins. Ces derniers sont à présent la première race allaitante exportée, femelles et mâles confondus, avec 185 000 têtes sur 33 semaines pour 157 000 Charolais.

Pour la première fois depuis plus d’un an, les envois de broutards étaient en légère hausse en juillet d’après SPIE-BDNI, avec 62 000 têtes exportées sur les semaines 27 à 30, soit +2% /2023 mais toujours -6% /2022. La part de femelles était stable à 35% des animaux exportés.

Maintien des envois vers le Maghreb, hors Algérie

D’après les Douanes françaises, 9 000 broutards ont été exportés vers les pays tiers entre janvier en juillet (-25% /2023), dont 6 000 vers la Tunisie (+89% /2023) possiblement réexpédiées vers l’Algérie, et 2 500 vers le Maroc (×4,2 /2023).

Pas d’effet visible du contexte sanitaire sur les envois récents

D’après les dernières données disponibles (données TRACES-DGAL), les envois ne semblent pas avoir pâti du retour de la MHE et de l’irruption de la FCO-3 en France. Vers l’Italie, les conditions d’envois des broutards depuis la zone régulée pour la FCO-3 ont été alignées sur celles de la zone régulée pour la FOC-8, qui couvre toute la France hexagonale : désinsectisation et PCR négative. En conséquence, sur les semaines 32 à 36 (du 5 août au 8 septembre), les envois de bovins tous âges, sexes et races confondus étaient en hausse de 2% /2023 vers l’Italie, avec 73 000 têtes.

Vers l’Espagne, les conditions d’envoi depuis la zone régulée pour la FCO-3 ont été alignées sur celles de la zone régulée pour la FCO-8 : vaccination obligatoire des broutards, désinsectisation et PCR négative pour les animaux âgés de moins de 70 jours, de toute manière déjà réalisées pour les veaux laitiers. Là aussi, La majorité de bovins exportés vers l’Espagne étant des veaux laitiers, les envois de bovins n’ont pas baissé et ont même enregistré une nette hausse de +18% /2023, avec 45 000 têtes sur les semaines 32 à 36.