Limitée par des collectes en retrait en Nouvelle-Zélande, aux États-Unis et surtout en Argentine, l’offre laitière cumulée des principaux exportateurs est en retrait depuis le début de l’année. Des redressements de collectes sont cependant observés.
Production laitière en recul chez plusieurs exportateurs mondiaux
Sur le premier semestre 2024, la production de lait cru des six premiers exportateurs mondiaux de produits laitiers (Argentine, Australie, Biélorussie, États-Unis, Nouvelle-Zélande et UE-27) était en retrait sur un an (-0,4% /2023). Les dynamiques divergentes observées depuis le début de l’année sont restés globalement les mêmes tout au long du semestre : baisse marquée en Argentine, baisses plus modérées en Nouvelle-Zélande ou aux États-Unis et hausses plus ou moins prononcées en UE, en Biélorussie ou en Australie.
Divergences au sein de la collecte laitière européenne
La collecte au sein de l’UE-27 a été orientée à la hausse depuis le début d’année. Cette progression demeure néanmoins limitée. En cumul sur le premier semestre 2024, elle atteignait ainsi 74,6 Mt (+0,5% /2023). Mais au sein de la zone, les variations annuelles des collectes restaient très différentes. La hausse de la collecte européenne au premier semestre 2024 étant désormais portée notamment par les progressions en France (+1% /2023 à 12 380 tonnes) et surtout en Pologne (+4% à 6 910 tonnes) alors qu’elle était en revanche en nette baisse en Irlande (-6% à 4 470 tonnes), comme observé régulièrement depuis le 2nd semestre 2023. Les perspectives de reprise sur le 2nd semestre 2024 y semblent limités d’après plusieurs experts. Et plus généralement au sein de l’UE, les progressions des épizooties de FCO aux Pays-Bas, en Allemagne et en France soulèvent des inquiétudes sur les évolutions de l’offre laitière, alors que la maladie pourrait avoir des effets sur la production de lait d’après l’ANSES.
La production australienne en hausse limitée
Sur le premier semestre 2024 comme au mois de juillet, la production de lait en Australie était en hausse sur un an, mais par rapport à une campagne précédente affectée par des conditions climatiques difficiles. Sur l’ensemble de la saison laitière 2023-2024 (de juillet 2023 à juin 2024), la production australienne a atteint 8,606 millions de tonnes (+2,8% /2022-2023 mais -2,3% /2021-2022 et -5,7% /2020-2021) grâce à des conditions climatiques plus favorables.
La situation de la filière laitière reste cependant mitigée. Malgré l’augmentation de la demande de produits laitiers d’Océanie, les exportations australiennes n’ont augmenté que de +1% au cours de la saison 2023-2024. Et le début de la saison de production 2024-2025 dans le pays a été marqué par une baisse des prix du lait à la ferme. Dairy Australia prévoie une légère baisse de la production laitière au cours de la saison en cours par rapport à la saison 2023-2024.
Fin du creux de production en Nouvelle-Zélande
En Nouvelle-Zélande, la campagne laitière 2023-2024 (de juin 2023 à mai 2024) s’est soldée par un recul de la production, à 21,066 millions de tonnes (-1,1% /2022-2023). Après un mois de juin en retrait sur un an (-0,9% /2023), la décroissance saisonnière de la production néozélandaise est désormais terminée. Et après plusieurs mois de baisse, la production de lait était désormais en hausse au mois de juillet 2024 (+8,4% /2024), soulignant le dynamisme de la demande en produits laitiers sur le marché mondial.
En juillet 2024, la valeur des exportations néozélandaises de poudres, de beurre et de fromage affichaient une nette hausse sur un an (+11% /2023). Plusieurs groupes et coopératives ont annoncé une augmentation du prix du lait pour la saison 2024/2025. C’était notamment le cas de Fonterra.
La production des États-Unis toujours en retrait
Aux États-Unis, la production laitière reste en retrait depuis le début de 2024. Sur le premier semestre 2024, elle atteignait 51,58 millions de tonnes (-1,0% /2023 et = /2022). Et au mois de juillet, elle était à nouveau en baisse sur un an (-0,4% /juillet 2023), reflétant probablement, d’après l’USDA, la diminution du cheptel de vaches laitières, le manque de génisses de renouvellement et les effets de la chaleur et du climat sur le confort des vaches et donc sur le rendement.
S’il est encore difficile d’en mesurer les effets, l’épidémie d’IAHP continue de progresser dans les élevages laitiers. Quatorze États sont maintenant touchés contre seulement 8 à la mi-avril. Début septembre, 197 foyers avaient été confirmés par les autorités sanitaires du pays. L’épizootie reste sous surveillance mais semble avoir peu d’effets sur les niveaux de production de lait. Aucune présence du virus n’a été décelée dans les produits finis : d’après les tests menés par la Food & Drug Administration (FDA) et rendus publics le 13 août dernier, aucun virus viable n’a été retrouvé dans les échantillons de produits laitiers (lait liquide pasteurisé et produits à base de lait pasteurisé, tels que fromages pasteurisés, fromage à tartiner, beurre, crème glacée) prélevés dans les point de vente au détail .
Redressement de la collecte en Argentine mais sur standards faibles
En Argentine, la production laitière est en retrait depuis le 2nd semestre 2023, affectée par trois années consécutives de sécheresses intenses, des disponibilités en fourrages limités en quantité et en qualité ainsi que la forte dévaluation du peso argentin amplifiant la difficulté des éleveurs argentins à s’approvisionner en intrants sur le marché mondial. Sur le premier semestre 2024, la collecte s’est nettement repliée (-13% /2023). Mais depuis la fin du premier semestre 2024, on assiste à un rattrapage qui reste loin d’être total cependant. En juillet 2024, la collecte de lait en Argentine atteignait 906 000 tonnes (-4,8% /2023).
D’après l’USDA, la chute brutale de la production début 2024 a entraîné une hausse rapide des prix du lait qui devrait favoriser la production au cours du second semestre. La dévaluation de la monnaie a également rendu les produits laitiers argentins plus compétitifs sur le marché mondial. Mais si les exportations de produits laitiers argentins devraient augmenter en 2024, il est probable que la production de lait finisse en retrait sur un an.