Les marchés des produits de l’élevage de ruminants N° 363 Juillet/août 2024 Mise en ligne le 19/07/2024

La décapitalisation allaitante et le dynamisme des mises en place à l’engraissement en France ont contracté les exports de broutards en 2023 de -7%. L’offre en broutards étant réduite et la demande française et européenne toujours présente, les prix des broutards ont progressé au cours des six premières semaines de 2024.

La faiblesse de l’offre et la bonne demande relèvent les cours

Depuis début 2024, les prix des broutards ont augmenté du fait de l’offre réduite et de la demande toujours dynamique en France, en Espagne et en Italie, où le prix des Jeunes Bovins est élevé. La cotation du Charolais U de 350 kg vif a ainsi progressé de 13 centimes en quatre semaines, à 3,45 €/kg vif en semaine 6 (= /2023 et +19% /2022). Le Charolais U de 450 kg a gagné lui aussi 12 cts en quatre semaines. A 3,38 €/kg vif en semaine 6, il a presque rejoint son niveau de 2023 à pareille époque (-2 cts ou -1%).

en-s6-en-2024-le-Charolais-U-350-kg-vif-a-progresse-de-13-cts-en-4-semaines-atteignant-3,45-Eur-par-kg

Le prix du Limousin E de 350 kg, après avoir été stable durant les quatre derniers mois de 2023, a gagné 5 cts en semaine 6 pour s’établir à 3,85 €/kg vif (+5% /2023 ou +20 cts et +29% /2022). Le broutard croisé R de 300 kg, envoyé notamment en Espagne, s’est davantage apprécié, de +20 cts en quatre semaines, à 3,30 €/kg en semaine 6 (+6% /2023 ou +20 cts et +20% /2022).

La forte demande de broutardes femelles en Italie et la faiblesse de l’offre soutiennent les prix. Le cours de la Limousine E de 270 kg a progressé rapidement de +15 cts en 4 semaines, à 3,55 €/kg, se situant au-dessus de son niveau de l’an dernier (+8% /2023 ou +25 cts). La Charolaise U de 270 kg cotait 3,40 €/kg (+2 cts en quatre semaines) également en hausse comparé à l’an passé (+3% ou +10 cts).

Peu d’effectifs de bovins de 6-12 mois en ferme

Le disponible en broutards est fortement réduit par le moindre cheptel allaitant et par la baisse des naissances entre février et avril 2023. Au 1er janvier 2024, 652 000 mâles allaitants âgés de 6 à 12 mois étaient présents en ferme (-3% /2023 ou -19 000 têtes).

Au-1er-janvier-2024-les-effectifs-de-males-allaitants-6-12-mois-reculaient-de-3%-par-rapp-a-debut-2023

À l’inverse, les naissances dynamiques de l’automne ont limité le recul des effectifs de broutards de moins de six mois, de seulement -1% /2023 à 718 000 têtes au 1er janvier 2024 d’après SPIE-BDNI.

Baisse de 141 000 naissances de veaux allaitants en 2023

En cumul sur l’ensemble de l’année 2023, 3 304 000 veaux allaitants sont nés en France, un recul important de -4,1 % /2022 ou -141 000 têtes.

En-decembre-les-naissances-n-ont-recule-que-de-2,7%-par-rapp-a-2022

Au 1er janvier 2024 la décapitalisation allaitante poursuivait son ralentissement, constaté durant tout le 2nd semestre 2023. 3 496 000 vaches étaient présentes en ferme, soit une baisse de -1,9% / 2023 (-69 000 têtes) contre -3% encore en juin 2023.

Les envois de broutards à l’étranger en-dessous du million de têtes en 2023

D’après les données SPIE-BDNI, 63 000 bovins de type viande âgés de 4 à 15 mois ont été expédiés durant les semaines 49 à 52 (-11% ou -7 000 têtes /2022). En cumul sur l’ensemble de l’année 2023, la France a exporté moins d’un million de broutards (992 000 mâles et femelles), soit 7% de moins qu’en 2022 (-75 000 têtes) et 14% de moins qu’en 2021 (-157 000 têtes en 2 ans), le plus bas niveau depuis 2014. Sur un an, le recul touche autant les mâles que les femelles : la part de femelles dans les animaux exportés reste stable à 34%.

Entre-semaines-49-et-52-de-2023-les-exports-de-broutards-FR-ont-recule-de-moins-11%-par-rapport-a-2022.

Les exports de mâles charolais reculent davantage que ceux des Limousins (respectivement -8% et -4% /2022) car les Charolais sont traditionnellement davantage conservés pour l’engraissement en France.

Après un bon mois de novembre, les exports de broutards (mâles et femelles) vers l’Italie (plus de 160 kg vif) ont chuté en décembre de -11% /2022 (-7 000 têtes), à 53 000 têtes selon les Douanes françaises, avec un nombre de jours ouvrés en recul de -7% en décembre 2023 (- 2 jours) par rapport à 2022. Au total en 2023, 822 000 broutards ont été expédiés vers l’Italie, soit -5% /2022, un recul plus modeste que l’ensemble des exports français.

Selon les Douanes, sur l’ensemble de 2023, 110 000 broutards français ont été exportés vers l’Espagne en 2023, soit une hausse de +26% /2022 (23 000 têtes supplémentaires). Les envois de broutards mâles de plus de 300 kg ont doublé, à 47 000 têtes. Les engraisseurs espagnols ont privilégié des animaux plus lourds afin de les engraisser rapidement, du fait de faibles disponibilités en fourrage provoquées par la sécheresse et les restrictions à l’irrigation affectant la production de céréales. La demande en broutards légers de 160-300 kg s’est, quant à elle, érodée de 5% /2022 (-3 000 têtes) à 58 000 têtes au total en 2023.

En décembre, les flux ont repris vers le Maroc

En décembre, les envois de broutards vers les pays tiers ont quelque peu rebondi, avec 2 300 broutards exportés vers la Tunisie et 900 vers le Maroc, à la suite des accords trouvés sur les conditions MHE en novembre et décembre. Au total en 2023, seuls 20 000 broutards ont été envoyés en pays tiers (-74% /2022 et -67% /2021) dont seulement 11 000 têtes vers l’Algérie.

Les envois vers l’Italie, ralentis début 2024, se sont rétablis

Début 2024 (semaine 1) les exports de bovins ont très été ralentis vers l’Italie (-54% /2023) du fait des fêtes de fin d’année qui durent jusqu’au 6 janvier dans le pays. Ils se sont rétablis la semaine suivante, si bien que les effectifs expédiés sur les six premières semaines ont baissé de -8% /2023 à 106 000 bovins de tous types, âges et sexes. En revanche, les expéditions ont progressé vers l’Espagne sur les 6 premières semaines de +5% /2023, à 64 000 bovins.