Les marchés des produits de l’élevage de ruminants N° 367 Décembre 2024 Mise en ligne le 20/12/2024

Le beau temps début septembre a douché les espoirs de retrouver rapidement une demande plus dynamique pour la viande de veau en sortie d’été. En conséquence, les cours des veaux gras n’ont toujours pas enclenché leur hausse saisonnière en France comme dans les autres pays producteurs. Point positif : les coûts des aliments pour veaux poursuivent la baisse entamée en début d’année.

La hausse automnale des cours se fait attendre

Les cours des veaux de boucherie, stables début septembre, tardaient à entamer leur hausse saisonnière, dans un contexte de fortes chaleurs défavorables à la consommation. Ainsi, en semaine 36, le veau rosé clair O élevé en atelier cotait 6,67 €/kg éc, légèrement au-dessus de sa cotation à pareille époque en 2022 (+2% ou +11 cts), mais stable sur quatre semaines. Le cours du veau rosé clair R élevé en atelier suivait la même tendance, à 7,04 €/kg éc (+2% ou +13 cts /2022).

La hausse saisonnière était cependant engagée côté veau sous la mère. Ainsi, le veau rosé clair U élevé au pis cotait 9,22 €/kg éc en moyenne sur les semaines 33 à 36 (+9% ou +73 cts /2022), en hausse de +28 cts sur quatre semaines.

Nouveau recul des abattages

Dans un contexte de consommation estivale limitée, les abattages de veaux gras ont été historiquement faibles en juillet, avec 75 000 têtes (-4,5% ou -3 500 têtes /2022) pour 11 000 téc (-4,5% ou – 3 500 téc /2022, et -2 200 téc /2021).

En août, en prévision du retour d’une consommation plus dynamique à l’automne, les abattages étaient en hausse, à 84 000 têtes, mais restaient nettement inférieurs à ceux de l’année dernière (-4,6% ou -4 000 têtes /2022). La production s’établissait à 12 500 téc (-4,3% ou -1 500 téc/2022), en lien avec des carcasses légèrement plus lourdes, à 149,3 kg éc (+0,5 kg éc /2022). L’âge à l’abattage restait plutôt élevé, à 193,6 jours (+1,4 jour /2022, +3,6 jour /2021).

En cumul sur six mois, la production française de veau de boucherie totalisait 101 500 téc, en net recul pour la seconde année consécutive : -7,2% /2022, soit un déficit de près de 8 000 téc, et -13% /2021, soit -15 000 téc !

Coût de production moins élevés

Suivant la tendance engagée depuis le début de l’année, les cours des matières premières lactées ont poursuivi leur reflux. Ainsi, en semaine 34, la poudre de lait écrémé cotait 2 200 €/t, en repli de -37 % /2022, et proche de son niveau de 2019. La poudre de lactosérum doux suivait la même tendance et restait sous son niveau de 2019, à 650 €/tonne (-43% /2022, -34% depuis le début de l’année).

Les indices des prix étaient également orientés à la baisse. En juillet, l’IPAMPA aliment d’allaitement pour veaux s’établissait ainsi à 138,9 points, en baisse de -18% sur un an et de -12% depuis le début de l’année. L’IPAMPA autres aliments (partie fibreuse) poursuivait son repli, à 141,7 points (-4% /2022), en baisse de -8% depuis son pic de janvier 2023. La remontée des cours des céréales, liée au non-renouvellement de l’accord sur les exportations via la mer Noire, n’a pas encore eu de répercussion sur les indices.

Les prix de l’énergie restaient élevés : en juillet, l’IPAMPA gaz s’établissait à 142,4 points, en baisse de -3% sur un an et inférieur de -12% à son pic de septembre 2022. Les cours du Brent de mer du Nord, dont le propane, utilisé en élevage, est un dérivé, remontaient dans la foulée de la limitation de la production décidée par l’OPEP+, pour atteindre 79 €/baril (-19% /2022, mais +33% /2021) sur les cours mondiaux, soit +9% en un mois.

Pas de hausse saisonnière des cours aux Pays-Bas

Les prix des veaux gras néerlandais sont restés relativement stables au début du mois de septembre, du fait d’une demande plus faible qu’espérée en lien avec la météo. Ainsi, le veau de boucherie pie noir néerlandais cotait, à 5,67 €/kg éc en semaine 36, en très légère hausse de +4 cts sur quatre semaines, mais inférieure à la cotation de 2022 de -23 cts (ou -3,9%).

À Modène, le veau pie noir italien cotait 6,10 €/kg éc, en légère hausse de +5 centimes sur quatre semaines, soit un niveau inférieur de -4% à la cotation de 2022 à pareille époque.

Abattages néerlandais en baisse au début de l’été

En juin, dans la lignée des mois précédents, les abattages de veaux gras ont reculé aux Pays-Bas d’après Eurostat, avec 111 000 têtes abattues (-11% ou -14 000 têtes /2022). Du fait de carcasses plus légères, à 155,8 kg éc en moyenne, la situation est encore plus marquée en volume, avec 17 000 téc (-12,7% ou -2 500 téc /2022).

En cumul sur six mois, les Pays-Bas ont produit 105 000 téc de viande (-4% / 2022) issues de 694 000 veaux de boucherie (-2,5% /2022). Le plan de réduction de l’élevage, qui prévoit le rachat par le gouvernement de fermes à un prix dépendant de leur chiffre d’affaires, pourrait inciter les éleveurs à augmenter dans l’immédiat leur production, pour disposer d’une référence économique plus élevée, ce qui risque d’inonder un marché européen déjà peu dynamique.