La collecte de lait de vache bio en 2022 a peu progressé comparé au dynamisme des années passées. L’ensemble de la filière est préoccupé par la forte baisse de la consommation de produits laitiers bio pour la 2ème année consécutive. Et l’année 2023 ne se présente pas sous de meilleurs auspices.
Ralentissement de la progression de la collecte de lait bio
La collecte de lait bio en France est repartie à la hausse sur le dernier trimestre 2022. Les bonnes conditions climatiques de l’automne ont favorisé la reprise de la production. Elle avait fortement chuté en août et septembre à la suite de l’été caniculaire et sec. Sur l’année, la hausse de collecte est bien moins élevée que ces dernières années, à +2,7% /2021.
Le nombre de livreurs bio recule depuis juin. En décembre 2022, 4 170 livreurs ont livré du lait bio soit 9,4% des livreurs français de lait de vache. Après avoir atteint son plus haut niveau en juin (4 250 livreurs), le nombre de livreurs est ramené à l’effectif de décembre 2021. Face au décrochage de la consommation de produits laitiers bio, la demande en lait bio est moindre et les déconversions risquent d’être plus nombreuses en 2023.
Le prix du lait bio a légèrement progressé en 2022. Le prix de base s’est établi à 466 €/1 000 l en 2022 soit +5 €/2021. Son écart s’est fortement réduit avec le prix du lait conventionnel. De +100 €/1 000 l en début d’année, il n’était plus que de +30 € en décembre.
Décrochage préoccupant de la consommation des produits laitiers bio
La consommation de produits laitiers bio a lourdement chuté en 2022 et aucune catégorie de produits laitiers n’est épargnée. Les chutes sont très fortes pour les laits conditionnés (-9% /2021), le beurre (-9%) et l’ultra frais (-10%). Toutefois, ces produits résistent mieux que la crème ou encore les fromages dont les ventes ont dégringolé de -16% /2021. La crème et les fromages ont pourtant une faible représentation en bio (respectivement 2,2% et 1% de part de marché fin 2022). Avec un taux de pénétration de 12%, le lait conditionné bio est recherché par le consommateur. En outre, le lait reste le produit laitier le moins onéreux et son écart de prix avec le lait conventionnel est de 24%. La consommation de produits laitiers non bio a également baissé, mais dans des proportions bien moins importantes. La forte inflation alimentaire, qui touche autant les produits bio que non bio, explique une partie de ce recul qui relève aussi d’évolutions plus structurelles.
Face à la baisse de consommation de produits bio, les grandes surfaces alimentaires ont réduit leur offre en magasin en 2022 de -8,5% /2021. En réaction, les opérateurs laitiers ont dû déclasser davantage de lait. En 2022, en fonction des laiteries, de moins de 15% à plus de 40% du lait ont été déclassés en lait conventionnel. Certains ont également trouvé des opportunités à l’export. Pour 2023, les opérateurs laitiers ne voient pas une reprise de la demande de produits laitiers bio par les ménages. A court terme, presque tous les opérateurs ont stoppé les conversions. A plus long terme, suite aux déconversions, départs à la retraite et un arrêt des conversions, certains opérateurs estiment que la filière manquera de lait de vache bio d’ici 2 à 3 ans.