Les marchés des produits de l’élevage de ruminants N° 363 Juillet/août 2024 Mise en ligne le 19/07/2024

Après des baisses parfois marquées, les cotations des réformes sont désormais orientées à la hausse chez les principaux producteurs laitiers en Europe, à l’exception de la Pologne et des Pays-Bas où elles se sont néanmoins stabilisées.

ALLEMAGNE : entre abattages limités et inflation

En Allemagne, le rebond saisonnier des abattages de réformes à l’automne s’est vite tari. Il aura été d’ampleur limitée, comme le rythme d’abattage tout au long de 2022. La fin d’année 2022 et le début de 2023 n’ont pas échappé à cette règle avec des niveaux d’abattages limités (= /2021 et -6% /2020 et entre les semaines 49 de 2022 et 1 de 2023).

D’après AMI, cette offre limitée fait face au léger frémissement récent de la demande en viande de réforme qui a orienté les cours à la hausse. Cette progression saisonnière reste timide. En semaine 1 de 2023, la cotation de la vache O atteignait 4,08 €/kgéc (+15% /2022 et +58% /2021).

Après le transfert de consommation au détail en 2021 lié à la pandémie, les ventes au détail de viandes se sont logiquement repliées de près de -9% /2021 en volume sur 11 mois, avec la fin des restrictions autour de la RHD. C’est notamment le cas de la viande bovine (-20%). Mais les différentes découpes de bœuf ont connu des évolutions de consommation diverses. Ainsi, le steak (-26%), le rôti (-21%) ou la viande bovine hachée (-18%) ont subi des baisses marquées quand la consommation de viande bovine pour goulasch a moins reculé (-13%). Les ventes en volume de découpes de porc, et surtout de volaille ont mieux résisté.

Les prix alimentaires connaissent une hausse marquée, à +21% sur un an en décembre 2022, un niveau toujours supérieur à celui de la zone euro (lien article France). Sur l’ensemble de 2022, les produits alimentaires frais ont été affectés par une hausse généralisée des prix (+12% /2021). C’est notamment le cas pour la viande bovine (+13%), à un niveau inférieur cependant à la volaille (+20%), au lait (+26%) ou aux margarine et huiles (+26%).

Après la baisse continue des effectifs depuis 2014, le cheptel de bovins en Allemagne s’est presque stabilisé à 11,0 millions de têtes en 2022 (-0,4% /2021) d’après les deux dernières enquêtes cheptel de novembre. Le nombre de vaches laitières atteignait 3,83 millions de têtes (-0,6 %, /2021) quand celui de vaches allaitantes approchait 610 000 têtes (-0,3%).

POLOGNE : stabilisation des cours des réformes après la baisse ?

En Pologne, les cotations des réformes ont commencé à se stabiliser après plusieurs semaines de baisse. En semaine 52, le cours de la vache O atteignait 4,07 €/kg de carcasse (+14% /2021 et +69% /2020).

Avec des niveaux d’abattages limités en octobre dernier, les abattages totaux de réformes sur les 10 premiers mois de 2022 ont tout de même atteint les 450 000 têtes (= /2021 et +3% /2020), après plusieurs années d’abattages limités (covid-19, scandales sanitaires).

Sur l’ensemble de l’année 2022, la production polonaise aurait cependant diminué pour la 4ème année consécutive en lien avec la production de JB, ce qui aurait entraîné la baisse des volumes exportés (Plus d’informations dans Dossier l’Annuel Bovins Viande à paraître).

IRLANDE : poursuite de la progression des cotations

En Irlande, le rythme d’abattages des réformes est resté élevé fin 2022. D’après l’indicateur hebdomadaire du ministère de l’Agriculture irlandais, les abattages de vaches affichaient une nette reprise sur les semaines 49 à 52 (+19% /2021 et +25% /2020).

Sur l’ensemble de 2022, les abattages dans les établissements irlandais agréés pour l’export ont progressé dans toutes les catégories. C’est notamment le cas pour les réformes (+17% /2021 et +12% /2020).

Après un fléchissement à l’automne face à une offre abondante, les cotations se sont redressées à partir de la mi-novembre notamment grâce à l’export et à la demande pour la viande de transformation. Le cours de la vache O a terminé l’année à 4,46 €/kg de carcasse (+26% /2021 et +51% /2020), un bond de +40 centimes (+10%) en 4 semaines. La tendance est identique pour le bœuf R3 dont la cotation a progressé de +53 centimes sur la même période (+11%) à 5,28 €/kg (+23% /2021 et +40% /2020).

Les exportations irlandaises de viande bovine ont connu une nette progression depuis le début de 2022 avec une offre plus soutenue et des prix plus compétitifs que d’autres origines. En 10 mois, elles ont atteint d’après Eurostat 478 000 téc (+12% /2021 et +8% /2020), un niveau qui devrait aboutir à des exportations record sur l’ensemble de 2022 (plus d’informatons dans l’Annuel Bovins viande à paraître). A noter également l’annonce de la réouverture du marché chinois à la viande bovine irlandaise début janvier après plus de deux ans de fermeture liée à la découverte d’un cas d’ESB atypique en Irlande en mai 2020.

ROYAUME-UNI : progression des cotations en début d’année

Au Royaume-Uni, avec la hausse saisonnière marquée des réformes entre septembre et décembre dernier, les abattages de vaches en 2022 ont atteint un niveau intermédiaire aux deux années précédentes (+2% /2021, -3% /2020 et 2019).

Après une baisse saisonnière, les cours des réformes sont de nouveau orientés à la hausse. La première cotation de la vache O de 2023 atteignait ainsi 3,66 £/kg de carcasse (+29% /2023 et +43% /2021), soit 4,15 €/kg avec une livre en recul par rapport à l’euro. Elle a repris 18 pence en quatre semaines (+5%).

Les cours des animaux plus jeunes (prime cattle) sont également orientées à la hausse. C’est le cas du bœuf R3, à 4,56 £/kg (+10% /2022 et +20% /2021) en semaine 1, soit 5,16 €/kg. Il a progressé de 7 pence en 4 semaines (+1%).

Entre janvier et octobre 2022, les importations britanniques de viandes bovines réfrigérées et congelées se sont élevées à 193 000 tonnes (-1% /2021). Les expéditions depuis l’Allemagne ont triplé, à près de 13 000 tonnes majoritairement sous forme désossée et congelée, faisant du pays le 3ème fournisseur du Royaume-Uni, dépassant les Pays-Bas. Les importations depuis l’Irlande ont reculé à 137 000 tonnes (-10%). L’origine Irlande représentaient encore 71 % des importations britanniques sur les des dix premiers mois de 2022.

Sur la même période, les exportations britanniques de viandes bovines réfrigérées et congelées ont atteint 103 000 tonnes (+26% /2021). Les exportations de viande bovine ont particulièrement augmenté vers la France. En valeur, elles ont progressé de +56 % d’une année sur l’autre sur la même période.