Les marchés des produits de l’élevage de ruminants N° 363 Juillet/août 2024 Mise en ligne le 19/07/2024

Les cours des broutards français se maintiennent à un bon niveau en raison d’une offre limitée et d’une demande stable à l’export. Les exportations de femelles continuent de progresser. Le net recul des naissances en janvier interpelle.

Des cotations toujours bien orientées

Les cours des broutards démarrent l’année 2019 sur de bonnes bases. L’offre globalement limitée rencontre une demande assez ferme des engraisseurs français et italiens. Les cotations se maintiennent à des niveaux proches de 2018. En semaine 10 le mâle charolais type Italie U de 450 kg cotait 2,53 €/kg vif (+1% /2018) et le mâle charolais type France U de 350 kg 2,78 €/kg vif (+1% /2018). Constat similaire en race limousine : le mâle de 300 kg cotait 3,03 €/kg vif en semaine 10, soit 1 centime de moins qu’en 2018.

Les cotations des femelles traduisent le dynamisme sur ce marché depuis plusieurs années en lien avec le développement de l’engraissement de femelles en France et surtout en Italie. En semaine 10, la Charolaise U de 270 kg atteignait 2,66 €/kg vif, soit +2% /2018, +7% /2017 et +12% /2016. Sur la même semaine, la Charolaise U de 400 kg a atteint 2,53 €/kg vif soit +3% /2018, +8% /2017 et +12% /2016. Le constat est moins tranché en race limousine même si le marché reste bien orienté. En semaine 10, la Limousine E de 270 kg cotait 2,79 €/kg vif soit le même prix qu’en 2018, mais +2% par rapport à 2017 et 2016.

Prix de la femelle charolaise U de 270 kg

Des naissances limitées

En janvier 2019 les naissances de veaux de mère allaitante ont de nouveau reculé (-4% /2018 et de -9% /2017). Soit le 3ème mois consécutif de repli des naissances allaitantes d’une année sur l’autre (-1,4% en novembre, -0,7% en décembre). Ce recul est préoccupant, comparé à la campagne précédente (2017/2018) déjà très dégradée. La chute des naissances s’explique avant tout par le repli du cheptel français (voir article femelles en France) à l’œuvre depuis 18  mois. Il est également amplifié par la FCO, dont le sérotype 8 aurait provoqué de nombreuses naissances de veaux non viables durant l’hiver 2018/2019, selon le GDS de la Creuse.

Une demande à l’export ferme en Italie

Après une très bonne performance en décembre 2018 (92 000 têtes toutes destinations confondues, +10% /2017), les exportations de broutards se sont repliées en janvier. D’après les données de la BDNI : 68 300 mâles allaitants de 4 à 16 mois ont été exportés (-9% /2018) et 39 500 femelles allaitantes (-2% /2018). Au total les exportations ont reculé de 5% par rapport au très bon mois de janvier 2018.

exportations françaises de broutards en janvier 2019

Les exportations de broutards devraient progresser dans les prochaines semaines. D’un côté, les stocks de mâles de 6 à 12 mois sont plus étoffés qu’en 2018 (728 000 animaux soit +1,5% /2018), mais moins élevés que le haut niveau de 2017 (-2%). De l’autre, l’accélération des abattages de JB en Italie devrait stimuler la demande de broutards français. Les cours devraient en conséquence s’apprécier modérément par rapport à leur bon niveau actuel.

La Turquie a importé plus de broutards que l’Italie en 2018

Depuis 2016, la Turquie compte sur les importations de broutards pour satisfaire la demande sur un marché intérieur largement déficitaire. En 2018, malgré l’intensité de la crise financière qui a frappé l’économie et provoqué une forte inflation (15% d’inflation générale, 31% d’inflation alimentaire), les importations de broutards ont battu des records. La Turquie a en effet importé 1 210 000 broutards ; près du double qu’en 2017 ! La majorité des animaux sont venus d’Amérique du Sud : avec 573 000 animaux brésiliens (x4 /2017) et 414 000 animaux uruguayens (+51% /2017). La Turquie a également importé 187 000 animaux européens en 2018 (+4% /2017), venus principalement d’Europe de l’Est.

Importations de broutards en Turquie

Cette envolée des importations s’explique par le prix très faible des animaux sud-américains (entre 1,0 € et 1,5 € du kg vif au départ du Brésil) combiné à la dévaluation du real brésilien et du peso uruguayen courant 2018 qui compense en partie la chute de la livre turque.

Ces importations impressionnantes, supérieures au total italien en 2018, devraient toutefois être plus modestes en 2019. Probablement pour prévenir un encombrement du marché, l’État turc a décidé un arrêt brutal des importations de tous les bovins vivants début janvier 2019. Il est difficile de prévoir la date et les conditions de réouverture du marché.