L’inflation alimentaire reste soutenue en France, bien plus limitée que dans le reste de la zone euro et au-delà (+15% dans l’OCDE). Cette inflation participe à la progression des ventes au détail en valeur, alors qu’elles reculent en volume. Les importations restent en progression, portées par la demande de la RHD et la modification de flux depuis le Royaume-Uni en conséquence du Brexit.
L’inflation alimentaire progresse mais demeure inférieure au reste de l’Europe
En septembre 2022, l’indice général des prix à la consommation harmonisé (IPCH) de l’INSEE a reculé d’un mois sur l’autre pour le 2ème mois consécutif (+6,2% sur un an, après le +6,6% d’août et le +6,8% de juillet). C’est d’abord un effet de l’accalmie temporaire de l’envolée des coûts de l’énergie. Mais l’inflation restait à nouveau forte sur les produits alimentaires (+10,6% /septembre 2021) et les viandes de bœuf et de veau étaient dans la tendance (+11,4% en septembre contre +10,9% en août).
Mais l’inflation en France reste cependant toujours inférieure au reste de la zone euro. En août dernier, c’était notamment le cas pour l’alimentation (+8,4% /août 2021 en France contre +12,4% dans l’ensemble de la zone euro).
L’inflation reste soutenue dans la grande distribution
Si l’inflation alimentaire reste soutenue, le rythme de progression de l’inflation à un mois dans les rayons « alimentaire et petit bazar » a ralenti pour le 2ème mois consécutif en septembre 2022 d’après IRi. A un an, elle restait en progression à +7,9% /septembre 2021, contre +7,9% en août et +6,7% en juillet. En septembre,l’inflation du rayon des produits frais non laitiers (dont les viandes réfrigérées) a atteint +10,3% /2021 et celle du rayon des surgelés (dont les viandes congelées) a approché les +13,1%.
En septembre, les ventes de viandes hachées ont à nouveau fortement progressé en valeur sous le coup d’une inflation marquée. En cumul sur 38 semaines, elles étaient supérieures aux années précédentes pour le bœuf haché frais (+1% /2021 et +16% /2019) comme pour le haché surgelé (+8% /2021 et +26% /2019). Ce n’est pas le cas des ventes en volume d’après FranceAgriMer : les quantités de haché frais commercialisé au détail ont ainsi reculé alors que leur prix unitaire sur les 9 premiers mois de 2022 était en hausse de +27% /2022.
La progression de l’inflation booste également le chiffres d’affaires de la distribution des produits de grande consommation et frais libre-service (PGC-FLS). D’après IRi sur 39 semaines, les niveaux de vente en valeur dépassaient ceux de l’année dernière (+2,3% /2021). Ce n’est pas le cas en volume. Sur le troisième trimestre 2022, les ventes en volumes des PGC FLS étaient ainsi en retrait (-1,3% /2021).
Le chiffre d’affaires de la RHD supérieur à l’avant pandémie en France
Sur les 7 premier mois de 2022, le chiffre d’affaires total de la RHD en France a progressé. Il dépassait largement le niveau d’avant pandémie (+41% /2021 et +11% /2019) témoignant de la fin des contraintes sur le secteur. C’est particulièrement vrai pour la restauration rapide, consommatrice de viande hachée (+20% /2021 et +23% /2019). A contrario, la restauration collective restait à la peine, particulièrement celle de la restauration d’entreprise affectée par les habitudes prises par certains salariés comme le télétravail notamment (+24% /2021 et +-15% /2019).
Les importations à nouveau dynamiques en juillet
Les importations françaises de viande bovine ont à nouveau été dynamiques en juillet 2022, d’après Douanes françaises. Elles ont flirté avec les 30 000 téc (+16% /2021 et +21% /2020). Les exportations ont à nouveau reculé faute de disponibilités avec à peine plus de 17 500 téc expédiées (-16% /2021 mais +1% /2020).
Sur les 7 premiers mois de 2022, le commerce extérieur français dépassait les niveaux d’avant pandémie avec 136 000 téc exportées (+4% /2019) et 208 000 téc importées (+5% /2019). Outre le manque de disponibilités en France qui limite les exportations et le report de consommation vers la RHD qui stimule les importations, le Brexit affecte les niveaux de commerce extérieur en France. En effet, les nouvelles procédures douanières depuis janvier 2022 entraînent un changement de fonctionnement de certains opérateurs néerlandais. Ceux-ci préfèrent désormais dédouaner en France les viandes importées depuis le Royaume-Uni avant de les faire réexpédier vers les Pays-Bas. Sur 7 mois, les importations françaises depuis le Royaume-Uni ont dépassé les 29 000 téc (x2,6 /2021) quand les exportations vers les Pays-Bas ont approché les 25 000 téc (x2,1 /2021). Les échanges avec les Pays-Bas sont cependant également dopés par des flux de viandes néerlandaises pour la transformation en usines françaises avant réexpédition pour approvisionner la restauration rapide.
La consommation par bilan se maintient avec l’import, faute de disponibilités en France
Malgré des abattages limités, la consommation calculée par bilan a progressé avec la poursuite du redressement des importations. En juillet 2022, elle a atteint à 118 800 téc (+2% /2021 et -3% /2020). En cumul sur sept mois, la consommation est sensiblement stable à 871 000 téc (= /2021 et 2020).
Avec des importations plus dynamiques depuis le début de l’année (réouverture de la RHD, disponibilités françaises plus limitées) la part d’import dans les disponibilités atteint 25% en moyenne sur les 8 premiers mois de l’année contre 20% un an plus tôt.
Attention toutefois, les effets des éventuelles variations de stocks, importantes à certaines périodes, ne sont pas intégrés dans cette estimation et la lecture mensuelle ne doit pas être sur-interprétée !