Les cours des veaux de boucherie sont restés fermes durant l’été, du fait de l’offre restreinte. Début septembre, avec la reprise de l’activité des cantines scolaires et d’entreprises, les prix ont amorcé une hausse. Les cotations des matières premières laitières ont reculé durant l’été, sans doute temporairement. Les abattages de veaux gras français sont en net recul de -6,2% depuis le début de l’année.
Baisse saisonnière modérée des cotations du veau gras
Malgré un été particulièrement chaud, le cours du veau rosé clair O élevé en atelier s’établissait début septembre (semaine 35) à 6,44 €/kg de carcasse, gagnant +2 centimes en 4 semaines après une baisse estivale limitée par la faiblesse des disponibilités en veaux gras. Les cours sont encore supérieurs à ceux des années précédentes (+16% /2021 ou +87 cts, et +34% /2020 ou +1,63 €), mais l’écart s’est réduit alors que les coûts de production sont globalement toujours en hausse.
La baisse saisonnière a été encore moins marquée pour le veau rosé clair R élevé en atelier, dont la cotation remonte doucement (+4 cts en 4 semaines). En semaine 35 le cours s’établit à 6,87 € /kg éc, niveau équivalent à début juillet. L’écart de prix par rapport aux années précédentes est, comme début juillet, plus faible que pour le veau O (+11% /2021 et +26% /2020) alors même que l’alimentation de veaux R est plus coûteuse que celles des veaux O.
Les coûts de production restent élevés
Les cotations des matières premières lactées ont fortement chuté cet été, en lien notamment avec le recul de la demande chinoise. La poudre de lactosérum doux a perdu -355 €/t en 8 semaines (-27%) repassant sous son niveau de début 2022. Elle est repartie à la hausse en semaine 33, à 975 €/t (soit +6% /2021). L’accalmie des prix est sans doute passagère car la collecte laitière dans les principaux bassins laitiers excédentaires reste ralentie et le prix du gaz monte en flèche.
Comme le lactosérum, la cotation de la poudre de lait écrémé a chuté cet été, de -27% (-520 €) en 8 semaines à 3 500 €/t en semaine 33, mais reste cependant toujours très élevée par rapport à 2021 (+39%).
En juillet, l’IPAMPA des aliments d’allaitement pour veaux s’était stabilisé à un niveau historiquement élevé de 170,3 points (+35% /2021 et +55% /2020) et l’IPAMPA des autres aliments pour veaux continuait de progresser pour atteindre 147,0 points (+30% /2021, +44% /2020) avec la poursuite du conflit en Ukraine.
L’IPAMPA gaz s’est établi en juillet à 140,7 points, soit +18% /2021, sans encore refléter la hausse de +37% du cours du gaz en Europe intervenue entre juillet et août d’après la Banque Mondiale.
Les abattages reculent du fait de l’offre restreinte
Les abattages de veaux de boucherie ont totalisé 740 000 têtes sur les 8 premiers mois de l’année, en net recul de -6,2% /2021 (-49 000 têtes). La production abattue recule au même rythme (-6,3%) soit de -7 000 téc, atteignant un total de 110 000 téc.
Les mises en place ont été réduites depuis de nombreux mois, face à la hausse des coûts amorcée fin 2020 et à l’absence de garantie sur le prix de vente des veaux finis. Elles ont été particulièrement prudentes en vue des mois d’été et des chaleurs récurrentes ralentissant la consommation. Les effectifs abattus en juin et juillet, étaient donc en net recul de -7,4% et -11,9% /2021.
L’offre et la demande s’équilibrent bien et le poids carcasse moyen des veaux abattus recule même depuis avril, comparé à 2021. En cumulé, le poids est stable par rapport à 2021, et 2020, à 148,1 kg. En août, le poids moyen était de 148,9 kg, en repli de -0,9 kg /2021, recul similaire à celui constaté en juillet. Cette évolution s’explique par le changement des plans d’alimentation de certains lots de veaux, nourris avec plus de fibres et moins d’aliments lactés, entraînant un poids plus léger.
L’âge à l’abattage a légèrement augmenté en juillet et août, comparé à 2021, marquant l’arrivée sur le marché des lots de veaux gras alimentés avec plus de fibres, sur une durée plus longue. En août, l’âge moyen à l’abattage était donc de 192,2 jours (+2,3 jours /2021, mais -1,1 jour /2020).
Pays-Bas : le marché est équilibré aussi
La cotation du veau pie-noir néerlandais a résisté à la baisse saisonnière estivale. Les mises en place ont été maîtrisées en anticipation de la plus faible demande en été. La cotation s’établissait en semaine 35 à 5,87 €/kg de carcasse (+21% /2021, +58% /2020) en hausse depuis deux semaines, avec le retour des vacanciers européens sur leur lieu de travail et la reprise de la RHD collective.
Les Pays-Bas ont redressé leur production après deux années de Covid-19, sans pour autant retrouver les volumes de 2019. Selon Eurostat, les abattages ont progressé au 1er semestre 2022 de +6% en têtes /2021et de +2% /2021 en volume, à 109 000 téc. Le poids moyen des carcasses a perdu -6 kg, à 153,7 kg au 1er semestre 2022, dans un contexte d’offre restreinte face à une demande de la RHD européenne redevenue dynamique, comparée à celle de 2021.
Mais le plan de réduction de l’élevage néerlandais est toujours d’actualité et pourrait impacter la filière veau néerlandaise, très concentrée dans deux régions (Gelderland et Noord-Brabant).
En Italie à Modène, le veau gras pie-noir a lui aussi résisté durant l’été. Il a entamé sa hausse saisonnière dès le début du mois d’août et se trouve à 6,38 €/kg éc en semaine 36 (+5% /2021 ou +33 cts et surtout +52% /2020 ou +2,18 €).