Les marchés des produits de l’élevage de ruminants N° 367 Décembre 2024 Mise en ligne le 20/12/2024

La décapitalisation allaitante pèse durablement sur l’offre de broutards, faisant baisser le disponible exportable alors même que la demande italienne reste ferme. Le recul des exportations est d’autant plus marqué pour les Charolais, les abattoirs français cherchant à sécuriser leurs approvisionnements en encourageant les mises en place. Si cette tension sur la demande a permis de tirer les prix des Charolais à la hausse, les cours des Limousins et des femelles se sont stabilisés ces dernières semaines.

Toujours en hausse pour les Charolais, les cours des autres catégories se sont stabilisés

Les cours des Charolais ont poursuivi leur spectaculaire hausse au mois de mars. L’offre manque, car aux effets de la décapitalisation s’ajoute la baisse saisonnière des sorties au moment de la mise à l’herbe, alors que la demande reste ferme à l’export comme en France. Les abatteurs et transformateurs français cherchent en effet à sécuriser leurs approvisionnements dans un contexte de décapitalisation du cheptel bovin : ils encouragent les mises en place dans les ateliers français. La hausse des prix a néanmoins un peu ralenti ces dernières semaines.

Le mâle charolais U de 350 kg vif a pris +11 centimes en quatre semaines, à 3,31 €/kg vif en semaine 14, soit +28% (+72 centimes) par rapport au très bas niveau 2021 et +20% /2020. Le Charolais U de 450 kg a suivi le même rythme haussier. Son cours a progressé de +7 cts en quatre semaines, à 3,12 €/kg vif en semaine 14 (+32% ou +76 cts /2021 et +26% /2020).

Les cours des autres catégories de mâles se sont stabilisés ces dernières semaines. La cotation du Limousin E de 350 kg n’a progressé que de +2 centimes en quatre semaines, pour atteindre 3,21 €/kg en semaine 14 (+44 centimes /2021 soit +16%). Le cours du Croisé R de 300 kg s’est quant à lui établi à 2,95 €/kg (+59 cts ou +25%), soit +4 centimes depuis la semaine 10.

Du côté des femelles, la cotation de la Charolaise U de 270 kg a gagné +1 ct en semaine 12 et se maintient à 2,96 €/kg depuis, un niveau très supérieur au prix 2021 (+36 centimes soit +14%). La Limousine E de 270 kg s’établissait à 3,15 €/kg en semaine 14, soit +33 cts /2021 (+12%).

Recul de 6% de mâles de 6-12 mois au 1er mars /2021

La baisse des naissances allaitantes observée au 1er semestre 2021 a fortement réduit les disponibilités en broutards. Les effectifs de mâles de race allaitante âgés de 6 à 12 mois étaient de 522 000 têtes au 1er mars, en baisse de -6% /2021. Ce creux de disponibilités devrait s’amplifier dans les prochains mois compte tenu de la chute de -7% /2021 des effectifs de mâles de race allaitante de 0 à 6 mois, avec 853 000 têtes au 1er mars. La baisse des effectifs affecte plus fortement les maigres charolais (-8% /2021 au 1er mars pour les 0-6 mois) que les Limousins (-6%).

Une offre durablement en baisse

Selon SPIE-BDNI 346 000 veaux de mère allaitante sont nés en février, en baisse de -21 000 têtes par rapport à 2021 (-5,8%). Le recul des naissances allaitantes ne cesse de s’amplifier, portant le déficit de veaux à -86 000 têtes depuis le mois de juillet (-3,7% /2020-2021).

Cette baisse des naissances s’explique avant tout par la décapitalisation du cheptel allaitant, qui s’est poursuivie au mois de février à un rythme équivalent au mois de janvier. Au 1er mars 2022, les effectifs de vaches allaitantes étaient en recul de -111 000 têtes par rapport à l’année 2021 avec 3 689 000 têtes (-2,9%).

Le manque d’offre pèse sur les exportations

Selon SPIE-BDNI, la France a exporté 91 000 broutards sur les semaines 5 à 8, en recul de -3% /2021 et de -7% /2020. Depuis le début de l’année (semaines 1 à 11), les exportations ont baissé de -9% /2021 avec 245 000 têtes. Le recul est plus marqué pour les femelles (-10%), qui ont totalisé 36% des envois, contre 37% en 2021.

Malgré le maintien de la demande, le recul des disponibilités pèse sur les envois. Le disponible exportable est d’autant plus faible qu’à la décapitalisation allaitante s’ajoute la réorientation d’une partie des animaux vers les ateliers français, principalement des Charolais. Depuis le début de l’année, les exportations de Charolais ont baissé de -13% /2021. Le recul est moins marqué pour les Limousins (-8%).

Les données des Douanes françaises n’ont pas encore été actualisées par destination pour les mois de janvier et de février 2022.

Selon TRACES, les envois de bovins (de tous âges) vers l’Italie ont été dynamiques sur les semaines 11 à 14, avec 78 000 têtes (+5% /2021 et +2% /2020). Ils restent néanmoins en recul de -1% depuis le début de l’année. L’activité se maintient mais la guerre en Ukraine inquiète les engraisseurs italiens sur le coût et la disponibilité des aliments, d’autant que l’Italie est soumise à une sécheresse qui pourrait réduire les récoltes nationales (voir article JB Europe).

La hausse des importations espagnoles de veaux laitiers n’a pas suffi à compenser la baisse des envois de broutards : en quatre semaines, 33 000 bovins ont été exportés vers la péninsule ibérique, en très fort recul de -14% /2021 et au même niveau qu’en 2020, année marquée par des restrictions sanitaires. En cumul depuis le début de l’année, les envois vers l’Espagne ont baissé de -10% (132 000 têtes, tous âges et races confondus). Les engraisseurs espagnols sont très impactés par la hausse des charges.

Selon les opérateurs, les envois vers les pays tiers ont été moins dynamiques en ce début d’année. Les exportateurs n’ont pas assez de disponibilités pour remplir les bateaux et les pays ne sont pas en mesure de suivre les prix élevés des animaux, dans un contexte de forte hausse du prix des céréales.