Les fabrications industrielles de fromages au lait de chèvre suivent l’évolution de l’approvisionnement des laiteries : en légère baisse sous l’effet de l’effondrement des importations de produits de report caprins qui est partiellement compensé par la hausse de la collecte nationale.
La hausse de la collecte au 2ème trimestre ne compense pas la baisse des importations de produits de report
Avec un peu moins de 515 millions de litres en cumul à novembre selon FranceAgriMer, l’approvisionnement en lait de chèvre des transformateurs (collecte et importations) a reculé de près de 8,4 millions de litres en un an (-1,6% /2020). En effet, après un 1er semestre en net retrait (-2% /2020), la fourniture du marché a enregistré une évolution en dents de scie à partir de l’été, et le cumul entre juillet et novembre s’établit désormais à -1% /2020.
Cette évolution est principalement imputable à l’effondrement des volumes importés. Avec 39 millions de litres, le volume cumulé jusqu’à novembre des importations de produits de report caprins accuse une chute de -24% d’une année sur l’autre (et -44% /2019). En effet, hormis les rebonds enregistrés en janvier et juin (+21% et +9% /2020 respectivement), les importations de produits de report sont restées limitées tout au long de l’année. Cette tendance s’est poursuivie en novembre, avec 3,8 millions de litres importés (soit -28% /2020).
Cette chute des importations n’a pas été compensée par la hausse de la collecte française de lait de chèvre, qui a pourtant connu une nette reprise depuis la fin de l’été. Après un début d’année laborieux (-1% /2017 au 1er trimestre), elle a progressé au 2ème et 3ème trimestre (de +1% et de +3% respectivement). Elle a continué sur cette belle lancée en octobre, avec une progression de +3% d’une année sur l’autre, avant de marquer le pas en novembre (avec 33,7 millions de litres collectés, soit -2% /2020).
Son évolution annuelle se fixe à +1% /2020, avec 475,8 millions de litres collectés depuis le début de l’année (3,9 millions de litres supplémentaires).
Fabrications maintenues
Les fabrications industrielles de fromages de chèvre ont enregistré une évolution en dents de scie, en lien avec l’approvisionnement. Après avoir bondi en août et septembre (+1% et +3% /2020), elles ont reculé de -4% /2020 en octobre (à 8 200 t) et de -1% en novembre (à 8 100 t). Malgré le moindre approvisionnement sur l’année, les fabrications de fromages de chèvre n’ont reculé en 2021 que de -1% d’une année sur l’autre (-1 000 t à 90 100 t).
Les transformateurs ont limité la baisse des fabrications grâce à une faible reconstitution des stocks de produits de report, nécessaires à la fourniture du marché en fin d’année. Ramenés à un peu plus de 3 200 t en novembre, ils ont ainsi fléchi de -36% d’une année sur l’autre, tombant à un bas niveau historique.
D’un autre côté, 12,9 millions de litres de lait de chèvre ont été embouteillés sur l’année, soit -5% /2020. En effet, la demande pour ce type de produits semble être arrivée à maturité, impactée également par le phénomène plus large de déconsommation du lait conditionné. Les fabrications de yaourts ont été en revanche plus dynamiques, avec une progression de +3% d’une année sur l’autre (12 900 t produites). Les produits ultra-frais à base de lait de chèvre connaissent un succès toujours grandissant auprès des consommateurs français et européens.
La demande des ménages se stabilise
Selon le panel IRI-CNIEL, les fabrications de fromages ont été commercialisées prioritairement sur le marché national, au détriment des exportations, lesquelles ont été partiellement rétablies (+4% /2020, à 20 000 t expédiées sur dix mois), après avoir fléchi en 2020, marquée par la crise sanitaire et le ralentissement des échanges extérieurs.
Les ventes dans les rayons libre-service (LS) des GMS ont reculé d’une année sur l’autre en Cumul Annuel Mobile à P11 (fin octobre), avec 52 000 t commercialisées en 12 mois (soit -0,5%). En revanche, cumulées depuis janvier, les ventes de 2021 sont nettement inférieures à celles de l’année précédente à pareille époque, avec un peu moins de 40 000 t commercialisées, soit -11% /2020 (et -6% par rapport à 2019, une année plus « typique »). En effet, les confinements de l’année dernière avaient redynamisé les ventes de fromages de chèvre en LS-GMS, mais la réouverture de la RHD en 2021 a signé la fin du report de la consommation à domicile.
Mais la baisse des achats de fromages de chèvre en LS-GMS a lieu dans un contexte de nette revalorisation de leur prix de vente. A 12,10 €/kg en moyenne pondérée, il s’est apprécié de +2% d’une année sur l’autre, sous l’effet de la bonne dynamique des ventes des fromages AOP.