Les marchés des produits de l’élevage de ruminants N° 363 Juillet/août 2024 Mise en ligne le 19/07/2024

Le marché français du petit veau laitier est morose du fait d’un déséquilibre entre l’offre et la demande, récurrent à cette période de l’année. Le pic automnal des naissances laitières fait face à des mises en place plus modérées dans les ateliers de veaux de boucherie en France en prévision d’une moindre consommation printanière de viande de veau. La demande des engraisseurs espagnols est dynamique malgré la hausse des coûts d’alimentation.

Les débouchés français sont en berne

Comme chaque année, les ventes de veaux mâles laitiers sont compliquées depuis le début de l’automne. Les difficultés à trouver des débouchés sur le marché français en cette période de pic des naissances laitières affectent les prix.

Le cours du veau mâle type lait de 45-50 kg stagne aux mêmes très faibles prix des années précédentes (51 €/tête en semaine 48 soit +2 € /2020 et +1 € /2019). La cotation du mâle laitier de 50-60 kg reste également au plancher : à 72 €/tête en semaine 48, elle est supérieure au prix très dégradé de 2020 (+3 €), mais reste inférieure au prix 2019 (-4 €). Ces cotations sont représentatives des prix pratiqués sur les marchés aux bestiaux.

Plus de veaux croisés

En octobre 2021, les naissances de veaux de mère laitière ont reculé de -1,2% /2020 (-4 200 têtes) et de -5,7% /2019 avec un total de 333 400 naissances d’après SPIE-BDNI. Le repli des vêlages est un peu moins marqué que la baisse du cheptel laitier : 3 529 000 vaches laitières étaient présentes dans les élevages au 1er novembre 2021, soit -1,5% /2020 (-53 000 têtes).

En cumul depuis janvier 2021, les naissances laitières ont totalisé 2,73 millions de têtes, en retrait de -1,2% /2020 et de -1,5% /2019. Ce recul cache des disparités entre les types raciaux : les naissances de veaux de race laitière pure et croisés lait a reculé à 2,11 millions de têtes (-2,5% /2020), alors que les naissances de veaux croisés viande ont progressé de +4,5% /2020 (627 600 têtes).

Toujours plus de veaux vers l’Espagne !

Les exportations de veaux laitiers ont atteint des niveaux record ces derniers mois. Sur les semaines 40 à 43 (mois d’octobre), 41 000 veaux de mère laitière ont été exportés, soit +16% /2020 (+6 000 têtes) et +17% /2019. En cumul sur les semaines 1 à 46, 304 000 petits veaux ont été exportés soit une hausse de +11% /2020 et de +19% /2019. Cette hausse des exportations est avant tout destinée au marché espagnol : environ 90% des veaux laitiers exportés y sont envoyés.

La demande des engraisseurs espagnols est soutenue dans un contexte de hausse des cours européens de la viande. Sur les 9 premiers mois de l’année, les importations espagnoles de bovins vivants (broutards et veaux), toutes origines confondues, ont progressé de +17% /2020 d’après Eurostat.

Néanmoins, la hausse du prix des matières premières et de l’énergie pèse sur les coûts de production et pourrait freiner les mises en place en ateliers d’engraissement. Ainsi, les importations espagnoles de bovins vivants ont reculé de -14% /2020 au 3ème trimestre 2021. Mais cette baisse des importations n’affecte pas les petits veaux laitiers français, dont les achats ont progressé de +7% /2020 sur cette même période, d’après Eurostat. Malgré la hausse des coûts alimentaires, les engraisseurs espagnols continuent d’acheter des veaux laitiers français, qui nécessitent moins de mobilisation initiale de capital par rapport à des animaux plus âgés de type broutard.

En témoigne la cotation espagnole du veau frison de moins d’un mois, qui n’a pas connu de baisse saisonnière marquée et s’est même maintenue à des niveaux relativement élevés pour la saison. A 98 €/tête en semaine 46, elle était supérieure de +24% /2020 et de +29% /2019.